[Critique] Norbourg: beau produit

Le film de Maxime Giroux est un produit formaté qui se regarde sans ennui, mais à qui il manque un petit supplément d’émotion et de grandeur.

François Arnaud et Vincent Guillaume Otis, dans Norbourg de Maxime Giroux
François Arnaud et Vincent Guillaume Otis, dans Norbourg de Maxime Giroux

À partir d’un scandale encore frais en mémoire, le scénariste et cinéaste Simon Lavoie (Nulle trace) et le réalisateur Maxime Giroux (La grande noirceur) ont créé un polar « à l’américaine », nerveux, riche en rebondissements et doté d’un crescendo dramatique plutôt bien échafaudé. Un brin manipulateur (les séquences d’ouverture et de clôture), Norbourg parvient à livrer ce que l’on attend de lui, soit un divertissement efficace qui fonctionne essentiellement parce qu’il aborde des faits connus sous un angle inusité, celui du comparse jamais condamné.

Au début, l’enfilade de chiffres, de termes techniques et de détails financiers peut dérouter, mais dès que l’intrigue se recentre sur Asselin (Vincent-Guillaume Otis), les choses se tassent. C’est en grande partie grâce à la performance de l’acteur de Babine et La maison du pêcheur qui donne une certaine force à son personnage de fonctionnaire véreux, dépassé par l’ampleur de ses stratagèmes. Et ce, même si ses motivations (une petite famille, un milieu modeste) paraissent trop minces ou, à tout le moins, insuffisamment exploitées.

Pour sa part, François Arnaud fait preuve du bagout et de la flamboyance nécessaires, mais là encore, son Vincent Lacroix n’a ni la profondeur ni le charisme qui rendaient captivants les Jordan Belfort ou Gordon Gekko de ce monde. Quant aux rôles secondaires, ils sont largement sous-utilisés, notamment ceux concernant les membres des institutions gouvernementales successives qui ont suivi le dossier de près. C’était le risque de vouloir faire en un peu moins de deux heures le tour d’une affaire qui aura duré plusieurs années et qui se sera conclue sous la forme d’une injustice flagrante, que les auteurs ne nous font pas vraiment ressentir d’ailleurs.

Sur le plan de la mise en scène, Giroux signe un film maîtrisé, mais assez impersonnel, qui surprend par ses plans extérieurs du centre-ville de Montréal exempt de toute âme qui vive. Les prises de vues ont été effectuées en temps de pandémie et cela se ressent. La photo de Sara Mishara possède un charme rétro certain, mais s’avère elle aussi un peu trop léchée, tout comme l’omniprésente musique de Philippe Brault. En somme, Norbourg est un beau produit, bien formaté et qui se regarde sans ennui, mais à qui il manque un petit supplément d’émotion et de grandeur.

Norbourg – Québec, 2021, 1h59 – À Montréal, un fonctionnaire qui veut changer sa vie s’associe avec un fraudeur de la finance charismatique – Avec: Vincent-Guillaume Otis, François Arnaud – Scénario: Simon Lavoie – Réalisation: Maxime Giroux – Production: Réal Chabot – Distribution: Maison 4:3 et Entract Films

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