[Critique] Target Number One: le journaliste, les brutes et le truand

Le film offre un rappel efficace au travail de la presse indépendante, mais peine à captiver en raison de sa complexité.

Antoine Olivier Pilon dans Target Number One de Daniel Roby (source: Caramel Films)
Antoine Olivier Pilon dans Target Number One de Daniel Roby (source: Caramel Films)

Relater une enquête complexe qui a duré deux ans et aborder dans le même film des sujets aussi importants que la liberté de la presse ou la déroute des institutions canadiennes, constituait un défi risqué. Target Number One (Suspect numéro un) que Daniel Roby à commencé à scénariser il y a plus de dix ans, parvient en partie à répondre aux attentes. En premier lieu, saluons l’importance du film pour son rappel efficace du travail effectué par le reporter canadien, qui, avec obstination et un brin de témérité, a réussi à mettre sur la place publique une affaire qui serait probablement restée lettre morte. En ces temps de fake news, de compressions budgétaires subies par les médias et de retour à l’état-tout-puissant, je trouve que cette évocation de son rôle est de tout premier ordre.

Ce n’est d’ailleurs peut-être pas pour rien que Victor Malarek est le personnage qui m’a paru le plus étoffé, le mieux campé et surtout, le plus captivant. L’Américain Josh Hartnett lui donne de fait, une belle prestance. Pour le reste, le tableau est moins séduisant. En raison sans doute d’un récit scindé en trois qui finit par s’avérer complexe à suivre, surtout dans le premier tiers. Désireux d’aborder les faits avec le plus de détail possible, Roby dilue le propos dans plusieurs histoires parallèles, s’attache à donner vie à des personnages très différents qui portent chacun une  thématique forte, mais insuffisamment approfondie. Avec pour conséquence directe de hacher le récit, ce qui fait qu’on ne s’insère jamais totalement dans l’une ou l’autre des trois histoires. Le montage imbriqué et l’utilisation des flashbacks ajoutent au dynamisme d’un ensemble, par ailleurs très maîtrisé, mais somme toute assez peu captivant.

Loin d’être aussi convaincant que Louis Cyr, Target Number One vaut surtout pour l’éclairage instructif qu’il nous offre sur des événements méconnus et peu glorieux de l’histoire de la diplomatie et de la police canadienne, événements qui auront été à la source de l’emprisonnement injustifié de l’un de nos concitoyens et de la mort (évitable) de l’un des enquêteurs.

Target Number One – Québec, 2020, 2h15 – Victor Malarek enquête sur le cas d’un jeune québécois toxicomane impliqué malgré lui dans une opération policière destinée à faire tomber un réseau d’importation de drogue en provenance de Thaïlande – Avec: Antoine Olivier Pilon, Josh Hartnett, Stephen McHattie – Scénario: Daniel Roby – Réalisation: Daniel Roby – Production: André Rouleau, Valérie d’Auteuil – Distribution: Les Films Séville

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