[Critique] Hochelaga, Terre des Âmes

Malgré de louables intentions et une facture visuelle de qualité, cette commande classieuse souffre de nombreuses lacunes, à commencer par un manque flagrant de liant.

Le comédien et chanteur autochtone Samian dans Hochelaga, Terre des Âmes de François Girard

Samian dans Hochelaga, Terre des Âmes (crédit photo MGP)

Il était très certainement louable de vouloir, ne serait-ce que le temps d’un film, restituer aux Amérindiens la place qu’ils occupent dans notre passé. Il était également tout aussi important de leur redonner à l’écran une visibilité qu’ils n’ont jamais vraiment connue dans la cinématographie québécoise, en dehors de quelques essais récents émanant d’auteurs autochtones ou non. En ce sens, mais en ce sens seulement, Hochelaga, Terre des Âmes s’avère un hommage réussi à Montréal et à quelques-uns de ses fondateurs.

Cependant, reconnaissons d’emblée que si les épisodes historiques de cette production classieuse parviennent à démontrer une certaine maîtrise technique, il en va tout autrement pour les scènes contemporaines qui souffrent de nombreuses lacunes. À commencer par le manque flagrant d’ossature du récit, qui enchaîne ses saynètes de style « Minute du patrimoine » sans prendre soin de les lier suffisamment entre elles. D’autant plus que l’absence de chronologie rend caduque toute idée de filiation naturelle entre les périodes concernées. Pourtant, s’ils avaient été un peu développés, les personnages de l’archéologue (Samian) et du directeur de thèse (Gilles Renaud) auraient été le moyen idéal de donner un peu de valeur à l’ensemble. Un peu plus de substance aussi. Au lieu de cela, on se contente de suivre ces « historiens » dans une entreprise superficielle (sans jeu de mots) de fouilles, monté à la manière d’un suspense sans nuance ni rapport avec l’objet de leur travail…

Un trou béant, un mort, des artéfacts logés à quelques centimètres de la surface du sol… la crédibilité en prend pour son grade. La suite est également plutôt décevante. Car même avec (seulement) une heure quarante, on s’ennuie une bonne partie de la projection. Entre autres parce que l’on n’apprend rien de bien neuf, mais surtout en raison de drames humains (massacre, maladie, trahison) manquent de sensibilité et d’émotion tant ils sont filmés avec distance. Et que dire de ces caméos douteux, ces accents « vieille France » forcés, de ces scènes finales rappelant grossièrement que nous sommes tous d’origines différentes, et de cette esquisse d’une romance surannée entre la veuve et l’archéologue… N’en jetez plus, la cour est pleine. Au final, deux petites étoiles accordées aux postes techniques (direction artistique, effets visuels, montage et photographie) qui sont les seuls à tenir la baraque de cette commande qui ne transcende jamais vraiment son sujet rédempteur.

Hochelaga, Terre des Âmes – Québec, 2017, 1h40 – au Stade Percival Molson, des fouilles sont conduites et mènent à la découverte d’artéfacts reliés à des étapes importantes du passé de la Ville de Montréal – Avec: Samian, Gilles Renaud – Scénario et Réalisation: François Girard – Production: Max Films – Distribution: Les Films Séville

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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