Après s’être fait connaître avec son court métrage Atomic saké (1999), vainqueur du Jutra du meilleur court et du meilleur film au Festival Delle Donne International de Turin, Louise Archambault signe avec Familia son premier long métrage de fiction.
À travers le portrait d’une mère insouciante et de sa fille, Louise Archambault essaye de faire le point sur la transmission des valeurs entre générations et aborde de nombreux thèmes reliés à la problématique de la famille québécoise contemporaine, largement délaissée par les hommes.
Familia a remporté le prix du meilleur premier long métrage canadien au Festival de Toronto en 2005 et l’année suivante s’est adjugé le Prix Claude-Jutra de la meilleure première œuvre lors de la soirée de remise des prix Génie.
Entrevue avec la réalisatrice
De quelle façon et à quel moment ce projet a-t-il pris forme?
J’ai écrit le synopsis de ce film en 2000, il y a cinq ans. Le projet de Familia a pris forme à partir d’un thème : j’avais envie de parler des problèmes de communication entre les membres d’une famille élargie. J’ai donc écrit un synopsis et une première version du scénario. Mais, avec mes personnages de deux mères et de leur fille, c’était évident que je m’enlignais pour parler des relations mère-fille. J’ai donc décidé de synthétiser mon scénario autour de cette problématique en mettant l’accent sur la transmission des valeurs d’une génération à l’autre et en explorant la façon dont chacun développe sa propre identité.
Il y a donc eu, dans un premier temps, une période de recherche et d’écriture. Parallèlement à ce projet de film, j’ai réalisé un court métrage, Mensonges, dans le cadre de la série Entrez côté « court » diffusée à Radio-Canada et à Télé-Québec. Mensonges est une comédie sur les gestes et les mimiques que l’on fait quand on ment. Tout en poursuivant l’écriture de Familia, j’ai également travaillé sur Un crabe dans la tête, du réalisateur André Turpin, en tant que costumière et photographe de plateau.
Entre-temps, j’ai eu un enfant et j’ai pris un temps d’arrêt. Peu à peu, je me suis remise à l’écriture et on a déposé le film en production en 2003. On a obtenu le financement en septembre 2003, mais il a fallu attendre l’été 2004 pour tourner puisque l’histoire se déroule durant cette saison. Et on vient tout juste de terminer le film, en juillet 2005.
Est-ce que la naissance de votre enfant a influencé votre scénario, qui traite des relations parent-enfant?
Non, pas du tout. Vous n’êtes pas la seule à me poser cette question; les gens veulent savoir si le fait d’avoir un enfant a eu une influence sur le tournage et la façon de voir mon scénario. Je ne pense pas. Est-ce que le fait d’être mère a changé ma vision par rapport au sujet du film? Je ne sais pas, parce qu’on n’a pas la même relation, en tant que parent, avec un nouveau-né qu’avec un adolescent. C’est la petite enfance, et donc la relation n’est pas de type conflictuel. Mais s’il y a une chose que j’ai apprise en devenant mère, c’est d’essayer de ne pas juger les autres, de ne pas juger nos parents : ils nous ont donné ce qu’ils ont pu, tout en étant ce qu’ils sont. Il faut arrêter d’en vouloir à nos parents. On dit souvent que les problèmes des enfants découlent de leur relation avec leur mère. Il faut arrêter de penser comme ça et accepter de vivre notre vie avec un certain bagage familial. C’est à nous à évoluer dans notre
propre voie.
Est-ce que c’est si compliqué que ça de sortir d’un pattern familial? Pourquoi avons-nous tendance à nous comporter avec nos enfants de la même façon que nos parents ont agi avec nous? Est-ce que nos comportements sont innés ou acquis?
Comportements innés ou acquis? Je ne pourrais pas dire, je ne suis pas neuropsychologue. J’ai tout de même beaucoup lu sur le sujet, car, ce qui m’intéresse dans le métier de scénariste, c’est de faire de la recherche. On me
demande souvent si mon film est autobiographique, ce qui n’est pas le cas. J’ai une expérience personnelle et je lis beaucoup. Au moment de l’écriture du scénario, je lisais des revues scientifiques, dont plusieurs articles sur la bioneuropsychologie, car je m’intéressais à la mémoire et à la façon dont l’être humain est conçu. Ça me fascinera toujours. J’ai l’impression que je ne toucherai jamais le fond de ces questions parce qu’elles sont en perpétuel développement. Il y a quelques années, des études ont tenté de démontrer que la violence était innée et qu’on pouvait avoir les gènes de la violence. Enfin, je trouve que ça commence à être délicat au niveau éthique. Qu’est-ce qu’on fait avec un enfant qui a les gênes de la violence?
Innés ou acquis? Qu’en sais-je? Mais, avec mon expérience de vie, j’ai l’impression que c’est un peu des deux. On peut considérer que nos comportements sont innés et que, par conséquent, on ne peut rien faire pour changer. Je trouve ça dommage. C’est comme si on jetait l’éponge en se disant qu’on ne peut pas évoluer dans telle direction ou améliorer tel défaut parce que nos parents étaient comme ça, et donc, que c’est inévitable, on est comme eux. Il y a un équilibre à atteindre par rapport à cet « héritage » et c’est ça qui m’intéresse.
Selon les auteurs du livre Mères-filles : une relation à trois que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt, il y aurait trois façons de briser un cycle de pattern indésirable : 1) ne pas procréer 2) se suicider ou 3) l’acceptation. C’est cette dernière
alternative qui m’intéresse, car elle implique une prise de conscience qui nous permet de développer notre propre identité et de devenir une personne à part entière. Le passé, au lieu d’être un obstacle à notre évolution, devient une force.
Source : dossier de presse du film
Résumé
Michèle, une prof d’aérobie accro au casino, accumule tant de dettes que son fiancé et employeur lui coupe son salaire. Michèle décide alors de lever le camp pour rejoindre sa sœur Chloé en Californie. Problème : elle est sans le sou et personne ne veut lui prêter d'argent.
Elle et sa fille Marguerite se réfugient chez Janine, amie d’enfance de Michèle. Affable quoiqu'un peu rigide, Janine accueille les fugitives, mais voit d’un mauvais œil l’influence de Marguerite sur Gabrielle, sa fille timide et réservée. Alors que les deux adolescentes s'apprivoisent, Janine et Michèle se redécouvrent. Mais la banlieue verdoyante et paisible de St-Hilaire devient vite le théâtre de remises en question entre mères et filles lorsque valeurs et apparences se confrontent. Alors que Gabrielle s'émancipe et pose un regard de plus en plus dur sur sa mère, Michèle prend lentement conscience de la vraie nature de sa fille Marguerite et de sa soif de stabilité...
Source: Synopsis officiel
Distribution
Sylvie Moreau (Michèle) ; Mylène St-Sauveur (Marguerite) ; Macha Grenon (Janine) ; Juliette Gosselin (Gabrielle) ; Vincent Graton (Charles) ; Emily Holmes (Kate) ; Norman Helms (Francis) ; Micheline Lanctôt (Madeleine) ; Patricia Nolin (Estelle) ; Paul Savoie (Lucien) ; Jacques L'Heureux (François) ; Xavier Morin-Lefort (Olivier) ; Alexandre Côté (Anthony) ; Hélène Florent (Chloé) ; Claude Despins (Scott) ; Norman Helms (Francis) ; Sonia Vigneault (Laurence) ; Raphaël Dury (Alexandre) ; Luc Morissette (Docteur Leclerc) ; André Richard (Barman) ; Laura Mitchell (Serveuse anglophone) ; Monique Dokupil (Madame Lalonde) ; Christian Théberge (Croupier) ; Luc Raymond (Employé club techno) ; Karl Gizdon (Autre participant ado) ; Laurence et Catherine Legault (Bébé Anaïs) ; Robert Auclair (Client casse-croûte) ; Dr. Marie-Josée Gaudreau (Médecin) ; Lyne Nault (Infirmière) ; Samuel Perreault (Nicolas) ; Paul Savoie (Narrateur) - Coaching: Louise Laparé
Fiche technique
Genre: Drame - Origine: Québec, ©2005 micro_scope inc. - Sortie en salles: 16 septembre 2005 - Sortie en France: 23 août 2006 - Durée: 1h43 - Classement: 13 ans et plus - Tournage: NC - Budget: 1,9 M$
Réalisation et scénario: Louise Archambault - Production: Luc Déry ; Kim Mccraw - Société de production: micro_scope avec la participation de Téléfilm Canada, SODEC, Crédit d'impôt cinéma et télévision, Fonds canadien de télévision créé par le gouvernement du Canada et l'industrie canadienne de télévision par câble, Téléfilm Canada : Programme de participation au capital, Crédit d'impôt pour film et vidéo canadien, The Harold Greenberg Fund / Le Fonds Harold Greenberg et la participation de Radio-Canada et Super Écran - Producteur délégué: Gilles Légaré - Distribution: Christal Films
Équipe technque - 1er assistant: Éric Parenteau - Conception sonore: Sylvain Bellemare - Costumes: Annie Dufort, Élizabeth Morad - Décors: Nadine Petitclerc - Direction artistique: Pierre Allard - Montage: Sophie Leblond - Musique: Ramachandra Borcar - Photographie: André Turpin - Son: Pierre Bertrand, Sylvain Bellemare, Louis Gignac
Infos DVD/VOD
Le film Familia est disponible en DVD. Éditeur : Christal Films (Maple Pictures) - Date de sortie : 24 janvier 2006 - Code UPC : 807581506972 - Suppléments : Court métrage Atomic Saké de Louise Archambault ; bandes annonce ; documentaire sur les coulisses du tournage ; Scènes inédites