Jours heureux, Les РFilm de Chlo̩ Robichaud

Dans son troisième long métrage, la réalisatrice de Pays aborde la place des femmes dans des milieux traditionnellement masculins.

https://www.filmsquebec.com/wp-content/uploads/jours-heureux_BIG.jpg

Les jours heureux est le troisième long métrage réalisé par Chloé Robichaud, après Sarah préfère la course en 2013 et Pays en 2016.

Tourné en partie dans l’enceinte de l’Orchestre métropolitain de Montréal, qui a collaboré autant pour l’enregistrement des pièces musicales que pour le tournage du film, Les jours heureux suit le parcours d’une cheffe d’orchestre luttant contre une relation complexe avec une mère de famille séparée et contre un univers très masculin, dominé par son père contrôlant qui ne lui laisse pas passer grand chose.

Les jours heureux (Days of Happiness dans sa version sous-titrée) a eu sa première mondiale le 8 septembre 2023 au Festival international du film de Toronto, et sa première québécoise le 5 octobre au Festival du nouveau cinéma. La sortie en salle est le 20 octobre.

Différents, mais portant sur des sujets similaires: De dirigent (La chef d’orchestre) de Maria Peters (2018) ; Tár de Todd Field (2022) ; Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar (2023) ou Seven Veils d’Atom Egoyan (2023).

Entrevue avec la réalisatrice

Pourquoi c’est important pour vous représenter des femmes dans des milieux non-traditionnellement féminins ?

Pour tellement de raisons. La fiction exerce une réelle influence sur la réalité et vice et versa. J’ai envie de faire des films qui inspirent et qui confrontent positivement nos a prioris. C’est aussi pour ça que je ressens le besoin de présenter des personnages de la communauté LGBTQ+ à l’avant plan. Quand je vais au cinéma, souvent je ne m’y reconnais pas. J’essaie en quelque part de briser les idées préconçues sur la féminité. Parce qu’il y a une pluralité de façons d’être féminine. Le féminin au cinéma est trop souvent représenté de la même façon. Je sens aussi que je le fais de façon toute naturelle, ce n’est pas pamphlétaire, c’est qui je suis.

Pourquoi avez-vous choisi de retravailler avec Sophie Desmarais ?

On n’avait pas retravaillé ensemble depuis Sarah préfère la course. C’est une grande amie et pour porter Les Jours heureux, j’avais besoin de quelqu’un avec qui j’avais une grande complicité. Emma est un personnage qui vit beaucoup les choses de l’intérieur et Sophie a un regard très fort et révélateur. Elle peut ne rien dire et beaucoup d’émotions passent dans ses yeux. J’avais besoin de ça pour jouer une cheffe comme Emma. Il fallait pouvoir ressentir les choses sur le podium de la cheffe, sans user de mots, juste son corps. J’étais aussi en confiance de travailler avec elle parce que je connais sa rigueur de travail et je savais qu’il en faudrait beaucoup pour incarner une cheffe d’orchestre. Elle a vraiment embrassé le rôle à fond. Elle connait la musique classique, plus que moi, même. Elle a l’oreille et ça lui a servi.

On sent que le personnage d’Emma est très près de vous. Est-ce que le travail qu’Emma doit faire dans le film pour se rapprocher de ses émotions est une démarche que vous avez dû faire vous-même comme cinéaste ?

Forcément, on évolue et sur le plan créatif, j’ai envie de toucher les gens. J’ai envie de faire un cinéma intelligent qui a une portée artistique plus large, mais je veux aussi que les gens soient engagés dans le parcours émotif de mes personnages. Avant, je touchais la tête, et ce n’est pas mauvais, on a le droit de faire un cinéma intellectuel, mais là j’avais le goût de toucher plus directement le cœur des gens. Le fait d’être devenue mère à peine quelques mois avant le tournage m’a peut-être emmenée à vouloir être plus vraie avec moi-même et vraie comme cinéaste. J’avais envie d’ouvrir. Les Jours heureux, c’est mon film le plus généreux.

En quoi votre mise en scène est différente de celle de vos projets précédents ?

Les acteurs étaient au centre de toutes les décisions que j’ai prises pour ce projet-là. Je m’adaptais à ce que les acteurs me donnaient, alors que pour d’autres projets, c’étaient plutôt les acteurs qui s’adaptaient à mon cadrage. Je voulais être plus à l’écoute de l’émotion et de mes intuitions profondes. J’avais tout de même mon storyboard, mais j’étais prête à complètement l’oublier, ce que j’ai fait à plusieurs reprises. Ma caméra a bougé à des endroits que je n’aurais pas imaginés. Je dirais même qu’elle danse parfois au rythme des émotions et de la musique. J’ai choisi aussi des lentilles qui nous rapprochent constamment d’Emma. Je pense que ça suscite l’engagement. On est toujours avec elle. Mes films précédents représentaient un cinéma très structuré, avec beaucoup de lignes contrôlées, et toute cette rigidité du cadre, je voulais en quelque sorte la briser, pour mieux servir mon propos parce que c’est un film sur l’émotion et la perte de contrôle. Le film embrasse l’imperfection. On est dans quelque chose de viscéral et intuitif.

Extraits de l’entrevue réalisée par Judith Lussier publiée dans le dossier de presse du film

Résumé

Emma, cheffe d’orchestre dans la trentaine, est, de l'avis de tous, plutôt douée et promise à un bel avenir. Toutefois, sa relation compliquée avec son père et agent Patrick, qui maintient sur elle une emprise sournoise depuis l’enfance, plonge la jeune femme dans un état d'incertitude et de désespoir intérieur. La possibilité d’obtenir un poste important au sein de l'Orchestre métropolitain accentue la pression. Décidée à affronter ses émotions, elle tente de s'appuyer sur la relation qu'elle entretient avec son amoureuse Naëlle, violoncelliste de l'orchestre récemment séparée et mère d’un jeune garçon. Mais, cette dernière ne se sent pas tout à fait prête et songe même à se remettre en couple avec son ex.

©Charles-Henri Ramond

Distribution

Sophie Desmarais (Emma), Sylvain Marcel (Patrick), Nour Belkhiria (Naëlle), Maude Guérin (Sabrina, mère d’Emma), Vincent Leclerc (Philippe Sivigny), Yves Jacques (Yves), Rayan Benmoussa (Jad), Katherine Levac (Debbie), Jean-Philippe Baril-Guérard (Thomas), Ariel Charest (Valérie), Inès Defossé (Alex)

Fiche technique

Genre: drame - Origine: Québec, 2023 - Durée: 1h58 - Visa: en attente - Langue V.O.: Français - Images: 3.2K - Camera Arri Alexa - ratio 1.85:1 - Budget approximatif: 5-6 M$ - Tournage: durant 30 jours, entre le 25 mai et le 6 juillet 2022, à Montréal et environs - Première mondiale: 8 septembre 2023, TIFF - Sortie en salles: 20 octobre 2023

Réalisation: Chloé Robichaud - Scénario: Chloé Robichaud - Production: Pierre Even - Producteurs associés: Paul-E. Audet, Jeannette Garcia - Producteur délégué: Yanick Savard - Société de production: Item 7 avec la participation financière de SODEC, Téléfilm Canada, Société Radio-Canada, crédits d'impôts fédéraux et provinciaux - Distribution: Maison 4:3

Équipe technique - Coiffures: Line Lévesque - Costumes: Francesca Chamberland - Direction artistique: Louisa Schabas - Distribution des rôles: Karel Quinn, Maison Wallace - Maquillages: Djina Caron - Montage images: Yvann Thibaudeau – Consultant musical: Yannick Nézet-Séguin - Photographie: Ariel Méthot - Son: Sylvain Bellemare, Stephen de Oliveira, Luc Boudrias

Qui sommes-nous ?

Né en décembre 2008, Films du Québec est un site d'information indépendant, entièrement dédié au cinéma québécois de fiction. Films du Québec contient les fiches détaillées des films québécois, des actualités, des critiques et des bandes annonces et bien plus.
Création et administration : Charles-Henri Ramond, membre de l'Association québécoise des critiques de cinéma.

Catégories

Archives