[CRITIQUE] Malek: la mort ne lui va pas si bien

Nourrie de nombreux sujets sensibles, l’intrigue de Malek nous a semblé trop démonstrative pour convaincre pleinement.

Tewfik Jallab, Karine Vanasse dans Malek de Guy Édoin

Tewfik Jallab, Karine Vanasse dans Malek de Guy Édoin (Les Films Christal)

À l’instar de Montréal la blanche de Bachir Bensaddek (2016), Malek de Guy Édoin (Marécages, Ville-Marie) nous propose un autre visage de l’immigration, en illustrant les parcours empruntés par quelques néo-Montréalais avant qu’ils n’arrivent en sol canadien. Horreurs de la guerre et drames familiaux imprègnent l’histoire sombre que ces réfugiés traînent avec eux, où qu’ils soient, et qui, on s’en doute bien, ne doit pas être évidente à mettre de côté. C’est donc de rédemption, d’honneur et de réconciliation avec soi-même dont il est question ici. Un thème similaire que Bensaddek, né en Algérie, avait abordé en faisant preuve de délicatesse dans sa façon de nous rappeler les atrocités vécues par ses personnages et en dressant en quelques touches subtiles des portraits réalistes, marqués par le déracinement et la douleur.

Projet long et complexe à mettre en œuvre scénarisé par Claude Lalonde (10 1/2 de Daniel Grou), Malek opte pour une voie nettement plus démonstrative que celle choisie par Bensaddek. Hélas, les ficelles sont trop grosses. De nombreux sujets sensibles (violence conjugale, pauvreté, drogue, sans parler de la culpabilité et du remords ou des divergences séparant les cultures) sont évoqués pêle-mêle dans une intrigue dont on peine à saisir la finalité. Les drames passés et présents s’accumulent dans un contexte rempli de pathos, explicatif (la description des hallucinations dues à la consommation!) et doté d’un rebondissement final peu crédible. À l’instar de l’illustration des conditions de vie en Iran (le film a été en partie tourné au Maroc), le récit dépasse rarement le cadre du cliché et du manichéisme. Et la tentative de développer une critique sur l’insouciance occidentale rate complètement sa cible, en l’opposant schématiquement à l’honneur et la vengeance ayant cours dans les pays arabes. Guy Édoin confirme cependant ses habiletés de mise en scène, fort bien épaulé par les images de Michel La Veaux. Cela ne suffit toutefois pas à racheter un scénario bancal, plombé de plus par des personnages désincarnés, pas toujours convaincants.

Malek – Québec, 2017, 1h40 – sous l’impulsion d’une psychologue, un immigrant suicidaire réapprend aà vivre avec son passé – Avec: Tewfik Jallab, Karine Vanasse – Scénario: Claude Lalonde Réalisation: Guy Édoin – Production: Les Films du noulevard – Distribution: Les Films Christal

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