Louis Riel ou Le ciel touche la terre – Film de Matias Meyer

Produite par le Québec et Mexique, cette oeuvre inimiste parfois exigeante évoque les derniers jours de Louis Riel (1844-1885), chef du peuple métis du Canada.

Louis Riel ou Le ciel touche la terre est une chronique historique produite, coécrite, réalisée et montée par le cinéaste d’origine française Matias Meyer, qui a surtout travaillé au Mexique, où il a étudié la réalisation au Centre de formation cinématographique (CCC) de Mexico.

Produit avec une modeste enveloppe, le film relate les derniers jours de Louis Riel, chef du peuple métis du Canada, un groupe ethnique mixte d’ascendance autochtone et européenne. Alors qu’il attend sa peine, repoussée à maintes reprises, il revient sur sa lutte pour défendre les droits des Métis et des peuples autochtones face à l’oppression du gouvernement canadien de John A. Macdonald.

Les scénaristes Meyer et Alexandre Laferrière (Félix et Meira, La grande noirceur) se sont appuyés sur les écrits de Riel pour mettre de l’avant son sacrifice pour des idéaux nobles et justes, la dimension mystique et prophétique qui l’a accompagnée toute sa vie, ainsi que ses réflexions philosophiques sur la mort.

Présentée en première mondiale en juin 2024 , puis aux Rendez-vous Québec Cinéma en février 2025, Louis Riel ou Le ciel touche la terre (Louis Riel or Heaven Touches the Earth) sort en salle le 27 juin 2025.

Notes de l’auteur

En 2011, je me suis installé au Canada. Cherchant un sujet de film à tourner, mon père, l’historien Jean Meyer, m’a parlé de Louis Riel. J’ai lu un peu sur ce personnage et je me suis rendu compte qu’il avait beaucoup de points communs avec mon film The Last Christeros : un combat inégal, comme celui de David contre Goliath, le sacrifice pour des idéaux, la spiritualité et aussi un protagoniste rarement évoqué au cinéma. Ce dernier point a été décisif. Il n’existe qu’un seul film sur Louis Riel, et c’est un film réalisé pour la télévision en 1979.

Comment votre père s’est-il intéressé à Louis Riel ?

Dans les années 1960, alors qu’il étudiait en France, l’un de ses travaux portait sur les conflits en Amérique du Nord au XIXe siècle. Il choisit de travailler sur Louis Riel et ses mouvements de résistance au Manitoba (1870) et en Saskatchewan (1885). Il s’est rendu à Montréal, est allé enquêter dans les archives, etc. À partir de là, il a été fasciné et rêvait d’écrire un jour un livre sur le sujet. Après 50 ans, il y est enfin parvenu : Le prophète du Nouveau Monde : Louis Riel (Penguin, 2022), qui est la première biographie de Riel en espagnol. On dit qu’aucun autre personnage canadien n’a fait couler autant d’encre. C’est un sujet très controversé, déjà considéré comme un mythe fondateur du pays. D’une certaine manière, en me suggérant le thème du film, il s’est enhardi à en faire le livre. Nous avons visité ensemble les sites historiques de la Saskatchewan et nous sommes allés aux archives de Montréal pour voir les textes originaux écrits par Riel.

Vous avez commencé à travailler sur le scénario en 2011 ?

Oui, j’ai d’abord commencé à faire des recherches. J’estime que j’ai lu plus de 5 000 pages. L’un des documents qui a attiré mon attention était son procès. D’ailleurs, au début, j’ai intitulé mon projet Le procès de Louis Riel, en référence au Procès de Jeanne d’Arc de Bresson. Son jugement a été décidé à l’avance. Il n’a duré que trois jours. Le Premier ministre Sir John A. Macdonald voulait pendre Riel pour donner l’exemple de ce qui arrive quand on ose résister au gouvernement. Puis j’ai réalisé que c’était une proposition trop radicale. Ce qui est resté, c’est l’influence de Bresson.

J’aime beaucoup Bresson. Depuis le début de ma carrière, il est naturel pour moi de travailler avec des non-acteurs. Cela vous amène à dédramatiser ; c’est un autre type de langage. Il y a eu une tendance dans le cinéma mexicain au début des années 2000 à travailler avec des non-acteurs. Je pense que c’était pour s’opposer au langage télévisuel et commercial de l’époque, et pour montrer d’autres visages, plus « mexicains ». Mais Bresson, ce n’est pas seulement travailler avec des non-acteurs ; il y a beaucoup d’autres choses, comme travailler avec le hors-champ, les mains, etc.

Il y a eu plusieurs versions du scénario, avec différentes étapes de la vie de Louis Riel, toutes fascinantes, mais la version définitive est née d’une séquestration. J’ai attrapé la grippe et je me suis isolé pendant une petite semaine. Dans cet état fébrile, je me suis remis à regarder ses films, à relire les « Mémoires » et à écouter ses interviews. C’est alors que j’ai décidé de faire de mon film un exercice « bressonien » de soustraction, d’enlèvement et de retrait au lieu d’ajout. J’ai également décidé de le raconter à la première personne et de cadrer le récit dans une étape très précise, de la condamnation de Louis Riel jusqu’à son exécution, qui est aussi l’étape la plus documentée de sa vie. Comme l’explique le texte au début de mon film, nous avons pratiquement un récit au jour le jour de cette étape. C’est en même temps une étape à laquelle nous pouvons tous nous identifier : l’attente de la mort.

Les notes reproduites ci-dessus sont traduites des textes disponibles dans le dossier de presse du film fourni par La Distributrice de films.

Résumé

Automne 1885, à Regina en Saskatchewan. Louis Riel a été condamné à mort pour haute trahison, après avoir fomenté une rébellion autochtone à l'encontre du gouvernement canadien. Le film suit ses dernières semaines de vie, tandis qu'il attend sa pendaison dans une cellule isolée au milieu d'un boisé.

©Charles-Henri Ramond

Distribution

Matias Meyer (Louis Riel), Marc Antoun (le père Alexis André), Nicolas Lebrun (Robert Gordon), Julien Francoeur (Julian Harkins), Gaetano Frangella (Capitaine Deane), Alina Meyer (Jean Riel), Edward Brooke (Dr Jukes), Audrey Robinson (Leader Reporter)

Fiche technique

Genre: chronique historique - Origine: Coproduction Québec-Mexique, 2024 - Durée: 1h23 - Langue V.O.: français, anglais - Visa: Général - Images: noir et blanc, ratio 1.33:1 - Tournage: durant 16 jours - Budget approximatif: 0-500K$ - Première en salle: 15 juin 2024, FICUNAM, Mexico - Date de sortie au Québec: 27 juin 2025 sur 3 écrans

Réalisation: Matias Meyer - Scénario et dialogues: Matias Meyer, Alexandre Laferrière d'après les écrits de Louis Riel - Production:: Matias Meyer, Alejandro De Icaza avec la participation financière du CALQ et du CAC - Distribution: La Distributrice de films

Équipe technique - Conception sonore: Federico Schmucler - Conception visuelle: Charles-Olivier Tremblay - Montage images: Matias Meyer - Photographie: François Herquel - Prise de son: Simon Roberge

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