Affaire Coffin, L’ – Film de Jean-Claude Labrecque

Dans ce long métrage de fiction documenté avec soin, le cinéaste et l’auteur du scénario reviennent sur ce qui fut l’une des affaires judiciaires les plus controversées du Québec.

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L’affaire Coffin est un drame historique basé sur la célèbre affaire Coffin qui fut, dans les années 1950, l’une des causes les plus célèbres dans l’histoire judiciaire du Canada. Le film s’appuie sur le livre « J’accuse les assassins de Coffin » de Jacques Hébert (1923-2007) paru en 1963 pour relater les événements qui valurent à Wilbert Coffin, prospecteur de York Centre en Gaspésie, d’être pendu en 1956 après avoir été trouvé coupable du meurtre, trois ans plus tôt, de trois touristes venus de Pennsylvanie pour chasser l’ours dans la Belle Province.

August Schellenberg dans L'affaire Coffin de Jean-Claude Labrecque (image d'un homme assis sur la couche de sa cellule)
August Schellenberg dans L’affaire Coffin de Jean-Claude Labrecque (image tirée de la collection Cinémathèque québécoise)

Ce troisième film de fiction de Jean-Claude Labrecque après Les smattes et Les vautours relate les éléments importants de cette histoire de mise à mort controversée qui fut à l’origine de l’abolition de la peine capitale au Québec en 1960. Bien que tous les noms des personnages aient été changés (sauf celui du protagoniste) et que certaines séquences aient été inventées de toute pièce, le scénario était présenté par son auteur et son réalisateur comme le plus fidèle à la réalité.

À sa sortie en salle, cette production d’envergure (50 rôles parlants et 350 figurants) avait reçu un accueil respectueux, mais ne fit pas grand bruit au box-office. À noter que la sortie en salle de L’affaire Coffin suit de quelques mois celle de Cordélia de Jean Beaudin, qui revenait lui aussi sur une présumée erreur judiciaire ayant secoué le Québec au tournant du 20e siècle. On peut aussi rapprocher l’affaire Coffin, la vraie, à l’affaire Dominici survenue quelques mois auparavant en France, lors de laquelle un paysant de Haute-Provence avait été accusé du meurtre d’une famille de touristes anglais. En 1973, Claude-Bernard Aubert en fit un film célèbre mettant en vedette Jean Gabin.

En 1981, le film avait été mis en nomination dans quatre catégories des Prix Génie : Meilleur acteur (August Schellenberg), Meilleur réalisateur, Meilleur scénario et Meilleure actrice de soutien (Micheline Lanctôt).

Pour la petite histoire, notons que L’affaire Coffin fut l’une des quelques productions francophones à bénéficier de l’abri fiscal canadien permettant de financer des films nationaux grâce à la vente d’unités de participation à des investisseurs privés par l’entremise de maisons de courtage.

August Schellenberg et Gabriel Arcand dans L'affaire Coffin de Jean-Claude Labrecque (image montrant un avocat discutant avec un prisonnier)
August Schellenberg et Gabriel Arcand dans L’affaire Coffin de Jean-Claude Labrecque (image tirée de la collection Cinémathèque québécoise)

Citations du réalisateur

Il fallait qu’ils trouvent un coupable rapidement. Il n’y a pas eu d’influence politique directe, ça n’est pas allé à ce point-là, mais il y a probablement eu des pressions au niveau de l’ambassade ou au gouvernement. Il faut bien comprendre qu’à cette époque l’opinion américaine s’intéressait à cette affaire parce qu’il existait une association de chasseurs comprenant 8 ou 9,000 membres opérant sur le territoire québécois. Aux États-Unis, on s’est dit: on n’est pas pour envoyer des chasseurs se faire tuer au Québec. On peut vous aider. Si vous avez besoin de nous, gênez-vous pas. La CIA pourrait s’en mêler. (Jean-Claude Labrecque, La Presse, 13 septembre 1980, p. 18)

Ce scénario a une longue histoire. C’est Pierre Valcourt qui est à l’origine du projet et qui a demandé à Jacques Benoit de l’écrire et à Jacques Gagné de le réaliser. Les choses se sont gâtées quand le distributeur Pierre David a voulu faire de ce projet un film dans le style de Z de Costa-Gavras. Quand Jacques Gagné s’est retiré, j’ai exprimé, à Pierre Valcourt, mon intérêt pour le scénario. Trois années se sont écoulées pendant lesquelles nous avons remanié le scénario et cherché des investisseurs. Entre-temps, j’ai tourné d’autres films dont Jeux de la XXIe Olympiade et deux heures sur Paul Provencher, Le Dernier des coureurs de bois, puis Les Montagnais. Pierre Valcourt ne voulant plus produire L’Affaire Coffin, c’est Robert Ménard qui a repris le projet en main et assumé avec efficacité le financement et la production. (Jean-Claude Labrecque, entretien avec Léo Bonneville, Séquences, no 102)

August Schellenberg dans L'affaire Coffin de Jean-Claude Labrecque (image montrant un homme entouré de policiers)
August Schellenberg dans L’affaire Coffin de Jean-Claude Labrecque (image tirée de la collection Cinémathèque québécoise)

Critiques d’époque

A défaut d’un film percutant, « L’affaire Coffin » semble se réfugier derrière une mise en scène efficace mais parfois austère; qui ne craint pas, à la fin, certains effets un peu insistants (les pleurs successivement versés par la femme de Coffin puis le jeune avocat qu’incarne Gabriel Arcand). Ce sont des moments d’émotion sans doute justifiés mais qui m’ont paru longuets. (Luc Perreault, La Presse, 13 septembre 1980, p. 18)


Jean-Claude Labreeque signe un film sobre cinématographiquement parlant et rigoureux face à la vérité historique. Un bon film qui ne fera pas courir les foules cependant parce qu’il n’a pas choisi la carte du spectaculaire (Louis-Guy Lemieux, Le Soleil, 13 septembre 1980, p. 11)


La musique est curieuse, on aperçoit aussi un micro baladeur ainsi qu’un panneau routier de Terre des Hommes alors que l’action prend place pendant les années cinquante, mais il n’en demeure pas moins que ce film produit au coût de 650,000 dollars par Robert Ménard mérite le déplacement. Les plus vieux revivront des événements qu’ils connaissent bien, les plus jeunes découvriront une page de l’histoire du Québec. (Richard Gay, Le Devoir, 13 septembre 1980, p. 31)

Résumé

Gaspésie, 1953. Trois chasseurs d'ours américains sont assassinés dans les bois. Coffin, un prospecteur anglophone dans cette province essentiellement francophone, est accusé. Bien qu'il ait aidé les inspecteurs à chercher les indices menant au coupable, Coffin est arrêté (il a admis avoir volé quelques objets aux américains). Il est soumis à un procès bien qu'il ne cesse de clamer son innocence... Pressé par les autorités, un policier spécialement dépêché de Québec, trouve en Coffin le coupable idéal. Il est pendu trois ans plus tard à la prison de Bordeaux, après un procès éclair.

(Source : Charles-Henri Ramond, janvier 2009)

Distribution

August Schellenberg (Wilbert Coffin), Yvon Dufour (le capitaine Roland Forget), Gabriel Arcand (l'avocat conseil Alain Courtemanche), Raymond Cloutier (le chauffeur de taxi), Thomas Donohue (le capitaine Lucien Marois), Roger Lebel (le procureur de la Couronne Pascal Dion), Micheline Lanctot (Maureen Patterson), Jean-Marie Lemieux (l'avocat de la défense Ben Ménard), Aubert Pallascio (le sergent René Bourdon), Martin Labrecque (le fils de Maureen Patterson et de Wilbert Coffin), Gerard Parkes (le père de Wilbert Coffin), Charlotte Boisjoli (la mère de W. Coffin), Ashley Murray (Ronald Coffin), Renée Girard (Mme Roland Forget), Josée Labossière (Mme Lucien Marois), Claude Maher (l'agent Lucien Lavallée), Jocelyne Gagné (Mme Lucien Lavallée), Madeleine Arsenault (Mme René Bourdon), Claude Grisé (l'assistant du procureur général Georges-Eugène Lévesque), Denise Gagnon (la secrétaire), Paul Hébert (le solliciteur général Auguste Bédard), Pierre Gobeil (Roger Taillefer), Robert Gravel (le coroner de la région gaspésienne Louis Rivest), Jean Mathieu (le chef juré à l'enquête du coroner), André Montmorency (le secrétaire de Ben Ménard, Jean-Luc Lamy), Neil Affleck (l'agent Pete Bennett), Yvon Dumont (l'agent Roger Dussault), Jean-Guy Latour (l'agent Morin), Jacques Martin (l'agent Desmarchais), Michel Daigle (un agent), Noël Moisan (le sergent de la prison de Québec), Yvan Ponton (un garde), Marcel Beaulieu (un garde), Léopold Godin (un garde), Guy Boucher (Donald Lavoie), Armand Laroche (Roland Kennedy), Georges Groulx (le juge), Pierre Curzi (le greffier), Gilbert Sicotte (le juré Guay), Michel Leclaire (un juré du tribunal), Doug Smith (un juré du tribunal), George Zeeman (un juré du tribunal), Maurice Mandeville (le chanoine), Marcel Gingras (le témoin Ross, hotelier), Gilbert Lepage (le témoin garagiste), Christian Saint-Denis (le témoin camionneur), Lénie Scoffie (le témoin hotelière), Rénald Shoofler (le témoin barbier), Roger Ménard (un témoin), Jean-Denis Leduc (un témoin), Alain Massicotte (le dessinateur), Jean Ménard (le sténographe), David Germain (un journaliste), Rock Aubert (un journaliste), André Myron (un journaliste), William Torrie (un journaliste), Herbert Vool (un journaliste), Ronald Guévremont (un photographe de presse), Stephen Mendel (un photographe de presse), Dean Hagopian (le barman), Guy Thauvette (le mécanicien), Rock Marquis (le camionneur), James E. Messenger (Fern Butler), Stephen Bloomer (le père Butler), Earl Pennington (Eugène Payne), Martine Pratte (la fille de Payne), Pauline Rathbone (la mère de Payne), Gaston Lepage (un garde de Bordeaux), Maurice Podbrey (le premier pasteur), Christopher Carr (le deuxième pasteur), Léon Lavigne (le chef des gardes de Bordeaux

Voix : Marc Legault, Walter Massey

Fiche technique

Genre: drame historique - Origine: Québec, 1980 - Durée: 1h44 - Langue V.O.: Français - Visa: Général - Première: 10 septembre 1980, Montréal (Le Parisien) - Sortie en salles: 12 septembre 1980 sur 2 écrans (Le Parisien à Montréal, Place-Québec à Québec) - Tournage: durant 30 jours en octobre 1979, à Gaspé, Saint-Jean-Port-Joli, Montmagny, Saint-Gérard-Majella, Saint-Michel-des-­Saints, Québec et à la prison de Bordeaux - Budget: 600 000$ - Coût: 788 000 $

Réalisation: Jean-Claude Labrecque - Scénario: Jacques W. Benoît, d'après l'essai de Jacques Hébert (J'accuse les assassins de coffin) ; collaboration au scénario Jean-Claude Labrecque ; collaboration aux dialogues Pierre Despatie - Production: Robert Ménard - Sociétés de production: Les Films Ciné Scène, Les Productions Vidéofilms avec la participation financière de Société de développement de l’industrie cinématographique canadienne (SDICC), Tax Shelter Era/Capital Cost Allowance (CCA), Institut du cinéma québécois (IQC), Cinémas unis, Bellevue-Pathé et Société Radio-Canada - Distribution: Les Films Mutuels

Équipe technique - Assistant réal.: Marcel Pothier - Coiffures: Richard Duval - Costumes: Louise Jobin, Suzanne Harel - Décors: Vianney Gauthier - Direction de production: Kristian Girard - Effets spéciaux: Joseph Elsner - Mixage: Joe Grimaldi, Austin Grimaldi - Montage images: André Corriveau – Montage son: René Pothier - Musique: Anne Lauber ; conseiller musical : Jacques Clément ; avec la participation dee l'Orchestre civique des jeunes de Montréal ; piano : Franôise Gélinas - Photographie: Pierre Mignot ; deuxième équipe : Louis de Ernsted, Serge Giguère - Son: Alain Corneau

Infos DVD/VOD

À notre connaissance, L'affaire Coffin n'a jamais été édité en format DVD au Québec. Le film est aujourd'hui invisible en format cinéma maison.

Qui sommes-nous ?

Né en décembre 2008, Films du Québec est un site d'information indépendant, entièrement dédié au cinéma québécois de fiction. Films du Québec contient les fiches détaillées des films québécois, des actualités, des critiques et des bandes annonces et bien plus.
Création et administration : Charles-Henri Ramond, membre de l'Association québécoise des critiques de cinéma.

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