Carnaval en chute libre – Film de Guy Bouchard

Premier long métrage entièrement produit et réalisé au Saguenay, ce drame sentimental d’un réalisateur de télévision est aujourd’hui complètement tombé dans l’oubli.

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Entièrement produit et réalisé au Saguenay, le long métrage Carnaval en chute libre est sans doute le premier exemple du dynamisme de la région en matière de production cinématographique indépendante. Une tradition qui avait été initiée en 1956 avec La sacrifiée, filmée en partie à Chicoutimi et Jonquière, et qui perdurera encore quelques années, durant lesquelles d’autres films naîtront, tels Pas de jeu sans soleil (Claude Bérubé, 1972) ou Jos Carbone (Hugues Tremblay, 1976), pour ne citer qu’eux. Confidentielles et, si l’on en croit les critiques d’alors, de qualité très moyenne, ces oeuvres n’ont pas résisté à l’usure du temps, mais représentent néanmoins des objets de valeur ethnographique indéniable, en plus d’être de parfaits exemples des débuts de la production cinématographique privée au Québec.

Mis en scène par Guy Bouchard, à l’époque réalisateur au poste CJPM-TV, une station rachetée ensuite par le Groupe TVA, Carnaval en chute libre est un drame sentimental financé avec la modeste somme de 20 000 dollars, grâce à des hommes d’affaires « influents » de la région. Le récit – incarné par huit comédiens non professionnels locaux – relate les déboires amoureux d’un couple pendant les festivités du Carnaval-Souvenir de Chicoutimi.

Le film a été présenté en première mondiale à Jonquière et à Chicoutimi en octobre 1965, soit près d’un an et demi avant d’être proposé à Montréal, par son distributeur France Film. D’après les journaux de l’époque, le film de Bouchard a gardé l’affiche « une couple de semaines » avant d’entreprendre une tournée à travers la province. Il est aujourd’hui complètement tombé dans l’oubli. Guy Bouchard est décédé le 6 juin 1991, à l’âge de 56 ans.

Critiques d’époque

« Carnaval en chute libre » vient s’ajouter à la liste déjà longue des productions locales dites « sans prétention », qui en réalité en ont une, double : celle d’être « commerciales », c’est à-dire facilement accessibles a un vaste public, et celle de nous « exprimer », nous, c’est-à-dire le peuple québécois, à l’âge critique, ingrat (?) des règlements de compte avec soi-même ; notre isolement, nos traditions, nos complexes, nos inhibitions, etc, etc… (Michèle Favreau, La Presse, 11 février 1967, supp. 1, p. 15)


On m’avait prévenu de la médiocrité et de la banalité de « Carnaval en chute libre », le dernier-né du cinéma canadien. Pourtant, la curiosité et les très bonnes dispositions aidant, je suis allé voir le film. Et j’ai aimé. Enfin, disons que je ne l’ai pas trouvé pire que la production française (ou peut-être italienne) qu’on nous fait souffrir au même programme. En somme, il y a de très bonnes idées dans « Carnaval en chute libre » : tourner un drame dans une ambiance carnavalesque est déjà un bon point de départ. Ensuite, il y a cette Nicole Blackburn. Malheureusement, ça reste le brouillon d’un assez bon film. (Pierre Vincent, Photo-journal, mercredi 22 février 1967, p. 88)


Ce qui transparait dans le film de Bouchard, sous le couvert de ces réparties mal dites, de ces gestes gênés, de tout cet amateurisme c’est le portrait, voulu ou non, d’une caste de petite ville qui s’étourdit dans la parodie et l’imitation, incapables d ’ être eux-mêmes sans jouer un rôle. Il y a quelque chose de rituel et de commun à toutes les petites villes de la province dans ces actes gauches qui poussent ces mâles et ces femelles dans des lits bien faits. (Claude Daigneault, Le Soleil, mercredi 3 mai 1967, p. 50)

Résumé

12 heures de la vie d'une femme! Métamorphose inouïe que celle de ces maris que nous avons accompagnés jusqu'à l'autel nuptial, et qu'une année d'accouplements nous ramène scandaleusement étrangère. (texte accompagnant l'encart publié dans la presse montréalaise)

L'histoire mouvementée d'une nuit de Carnaval au cours de laquelle Bertrand tente de renouer avec son épouse qu'il a quittée depuis plus d'un an. Mais, la présence d'une amie, d'un séducteur et du Carnaval, mêleront les règles du jeu... (Répertoire des longs métrages produits au Québec, 1960-1970, p. 27)

Distribution

Nicole Blackburn, Normand Truchon, Margot Rogers, Guy Tremblay, Nicole Duperie, Fernand Desmeules, Michéle Lafrance et Christiane Bouchard

Fiche technique

Genre: drame sentimental - Origine: Québec, 1965 - Durée: 1h19 - Langue V.O.: Français - Visa: 13 ans et plus - Première: 22 octobre 1965 simultanément dans les cinémas Capitol de Chicoutimi et Bellevue de Jonquière - Sortie à Montréal: 10 février 1967 au St-Denis et au Bijou - Tournage: en 1965, pendant cinq mois et demi, en fin de semaine ou le soir, à Chicoutimi et dans les environs - Budget approximatif: 20 000 dollars

Réalisation: Guy Bouchard - Scénario: Guy Bouchard - Production: Guy Bouchard - Société de production: Ciné-Sag Inc. (Gilles Lalonde, Henri Hubert et Gérard Claveau) - Distribution: France Film

Équipe technique - Décors: Guy Tremblay - Montage images: Guy Bouchard – Musique: Jean-Eudes Vaillancourt - Photographie: Gaston Grosjean

Infos DVD/VOD

Carnaval en chute libre n'a jamais été édité en format VHS ou DVD au Québec.

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