Rivi̬re sans repos, La РFilm de Marie-H̩l̬ne Cousineau

Adapté du roman éponyme de Gabrielle Roy, le film suit le parcours d’une jeune femme inuite indépendante, au carrefour de la modernité et de la tradition.

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La rivière sans repos est un drame réalisé par Marie-Hélène Cousineau, avec la collaboration de Madeline Ivalu. Adapté du roman éponyme de Gabrielle Roy, le film suit le parcours d’une jeune femme inuite indépendante se trouvant au carrefour de la modernité et de la tradition. Admirative devant la majesté indomptable de sa région, elle découvre dans cette source d’inspiration un moyen d’avancer par ses propres moyens.

Le film a été présenté en première mondiale à Split (Croatie) en septembre 2019, puis lors du Festival du nouveau cinéma (12 octobre), et a eu droit à quelques projections publiques à Winnipeg, Montréal et au Nunavut au courant de l’automne.

Intention de la réalisatrice

Lorsque j’ai lu pour la première fois La rivière sans repos, le roman de Gabrielle Roy, j’ai tout de suite vu se déployer cette histoire devant mes yeux. Débutant comme une jeune fille naïve, Elsa se transforme en la femme indépendante qu’elle n’aurait jamais pensé devenir. Elle prend des décisions que personne aurait imaginé qu’elle puisse prendre et surprend aussi bien sa famille que les colons blancs de son village du Nord. Gabrielle Roy a fait le portrait vivant de la vie et de la trajectoire d’une jeune femme inuk forte. La couleur sombre de la forêt boréale et la majestueuse rivière Koksoak sont le cadre de cette histoire avec en arrière-plan la seconde guerre mondiale et le début d’une colonisation encore plus agressive du Nord.

Elsa, adolescente inuk du Nord québécois dans les années 40 rencontre des gens et voient des choses que jamais ses grands-parents auraient pu imaginer. Elle est astucieuse et indépendante, avide de connaître le « nouveau monde » autant qu’elle se languit du confort des traditions anciennes qui disparaissent trop rapidement. C’est à travers ses yeux que je souhaiterais que le public saisisse son univers. Tandis que la grande rivière Koksoak coule sur le pays d’Elsa, de même les émotions traversent son corps et la portent d’une saison de sa vie à une autre; sa vie qui emprunte des détours tandis que nous la voyons évoluer de jeune fille de 16 ans à femme de quarante.

Peut-être que Gabrielle Roy a conçu l’histoire originale comme une tragédie, Elsa est finalement vaincue par les forces et les conditions de changements sociaux qu’elle ne peut ni prévoir ni contrôler. Alors que je commençais le travail avec l’actrice Malaya Qaunirq Chapman, nous avons créé une autre version du personnage d’Elsa. Dans le film, Elsa tente de prendre le contrôle de son destin malgré les nombreux écueils qu’elle doit affronter. Plutôt que de se lamenter sur son sort, elle prend possession de son destin et façonne son propre monde intérieur.

Pour les hommes qui sont avec elle, Elsa est incompréhensible. Ils ne peuvent pas comprendre son bonheur et désapprouvent ses choix de vie. Ils veulent qu’elle se marie et cesse de gâter son fils ou de vivre d’un endroit à l’autre, mais Elsa est comme l’eau vive de la rivière qui coule sans s’arrêter et elle accepte que la vie, par nature, est constamment changeante. Comme nous la voyons s’arranger pour faire ce qu’elle aime le plus, nous sommes témoins de son accomplissement. Cette prise de conscience s’accompagne de la réaffirmation de son indépendance et de son désir de vivre en paix avec elle-même.

Intention de la réalisatrice extraites du dossier de presse de La Rivière sans repos fourni par Isuma Distribution International

Note de François Ricard, auteur de Gabrielle Roy, une vie

Ce roman, publié simultanément dans sa version originale française et en traduction anglaise (Windflower) à l’automne 1970, elle l’avait écrit à partir d’un souvenir qu’elle gardait d’un voyage en Ungava une dizaine d’années plus tôt. Ce souvenir était celui d’un paysage grandiose, austère et magnifique à la fois, et surtout d’une jeune Inuite de Fort-Chimo (aujourd’hui Kuujjuaq) qu’elle avait aperçue en train de caresser son enfant aux cheveux bouclés, hérités d’un père de race blanche. De cette image était née la figure d’une héroïne qu’elle avait nommée Elsa et dotée d’un destin qui, aux yeux de la romancière, incarnait à la fois celui d’une femme semblable à toutes les femmes, prise dans les jeux et les drames de l’amour humain, et celui d’une grande civilisation traditionnelle confrontée subitement à l’envahissement et aux valeurs de la modernité apportées par les Blancs venus du Sud. Dès lors, c’est le combat « sans repos », c’est l’hésitation déchirante entre ces deux mondes, l’un représentant la fidélité au passé immémorial et l’autre, l’appel irrésistible du « progrès », qui allait gouverner toute l’existence d’Elsa et dont son fils, Jimmy, serait l’incarnation vivante. Que devait-elle faire de cet enfant issu de deux mondes opposés ? Comment fallait-il l’élever, quels modèles, quelles valeurs lui enseigner ? Et elle-même, écartelée comme la tumultueuse rivière Koksoak qui sépare et unit à la fois le nouveau Fort-Chimo et l’ancien village de ses ancêtres, comment devait-elle vivre sa maternité et sa condition de femme, à la manière de sa propre mère et des femmes de son peuple ou comme le faisaient les mères modernes ?

Évidemment, il n’y a pas de réponse simple à ce dilemme, et la romancière n’en propose pas. Mais à travers Elsa et sa famille autochtone, elle pose la question jusqu’au bout, non comme un problème théorique ou sociologique, mais à travers l’existence concrète des êtres pour qui cette question taraude leur identité même.

Extrait de la note de François Ricard, auteur de Gabrielle Roy, une vie (Éditions Boréal), disponible dans le dossier de presse de La Rivière sans repos fourni par Isuma Distribution International

Résumé

À Fort Chimo (Kuujjuaq), en 1945, Elsa, adolescente rieuse, est violée par un militaire américain. Jimmy, le garçon qui naît de cette relation indésirée est éduqué avec amour par une mère résiliente, proche des valeurs traditionnelles inuites. Mais le prêtre catholique de la petite paroisse voudrait bien qu'Elsa prenne mari. En premier lieu pour régulariser une situation peu morale, mais aussi pour aider la jeune femme à subvenir à ses besoins. Elle refuse, souhaitant vivre sa vie, sans aide ni soutien de quelque sorte. Voyant que ses parents commencent à se laisser emporter par la facilité du confort moderne, Elsa décide d'aller vivre dans une tente, voisine de la masure où vit son oncle Isaki. Le temps passe. À l'approche de ses dix ans, Jimmy n'est toujours pas allé à l'école. Le policier Beaulieu prévient la mère que des actions seront prises pour ramener l'enfant au village pour qu'il suive une scolarité normale. N'y tenant plus, Elsa emmène son fils vivre dans un campement reculé où son oncle Isaki possède une petite cabane vétuste. Hélas, le petit tombe gravement malade et son état de santé requiert des soins médicaux d'urgence. Elsa retourne s'installer en ville...

©Charles-Henri Ramond

Distribution

Malaya Qaunirq Chapman (Elsa), Etua Snowball (Isaki), Taqraliq Partridge (Winnie), Matthew York (Jimmy jeune), Nick Serino (Jimmy adolescent), Mark Anthony Krupa (le prêtre), Magalie Lépine-Blondeau (Mme Beaulieu), Patrick Hivon (M. Beaulieu), Geneviève Rioux (la vendeuse du magasin général), Madeline Ivalu (la grand-mère), Sammy Kuoluk, Hubert Lemire

Fiche technique

Genre: drame - Origine: Québec, 2019 - Durée: 1h39 - Langue V.O.: Inuktitut, Anglais, Français - Visa: en attente - Première: 20 septembre 2019, Split Film Festival - Sortie en salles: 27 octobre 2019 à Montréal - Tournage: mars et août 2018, Kuujjuaq, Nunavut - Budget approximatif: NC

Réalisation: Marie-Hélène Cousineau, avec la collaboration de Madeline Ivalu - Scénario: Marie-Hélène Cousineau - Production: Marie-Hélène Cousineau, Madeline Ivalu, Lucy Tulugarjuk - Producteur délégué: François Landry - Sociétés de production: Les Productions MH Cousineau et Arnait Video Productions avec la participation financière de Téléfilm Canada, de la SODEC, du Nunavut Film Development Corporation, du Fonds Harold Greenberg, des programmes de crédit d’impôt fédéral et provincial - Distribution: Isuma Distribution International

Équipe technique - Conception visuelle: Greg Nowak, Frédéric Devost - Costumes: Nedra Gribaa - Montage images: Michel Grou – Musique: Vanessa Marcoux - Photographie: Édith Labbé - Son: Stéphane Barsalou, Olivier Houde, Éric Ladouceur

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