[Critique] The Saver : de belles intentions

Nourri de belles intentions permettant de véhiculer une image positive des communautés autochtones, The Saver (La collectionneuse) de Wiebke von Carolsfeld, peine pourtant à déployer le plein potentiel de son intrigue humaniste.

Photo de la jeune actrice Imajyn Cardinal dans le film The Saver de Wiebke von Carolsfeld

Imajyn Cardinal dans le film The Saver de Wiebke von Carolsfeld

Après Marion Bridge (2002) et Stay (2013), Wiebke von Carolsfeld nous livre avec The Saver (La collectionneuse) un nouveau portrait de femme déterminée. Le scénario s’appuie sur un roman jeunesse de la romancière israélo-canadienne Edeet Ravel pour dépeindre la sortie de l’adolescence d’une jeune femme solide et fragile à la fois, débrouillarde et volontaire, orpheline et amérindienne. Plusieurs raisons de se battre et de tenter coûte que coûte de s’extirper de la fatalité.

Fern, 16 ans, a choisi de faire sa vie en oubliant la tragédie, et en s’adonnant à plusieurs petits boulots pour survivre, est incarnée par Imajyn Cardinal, qui porte fièrement tout le film sur ses épaules. Mais c’était peut-être trop en demander à la jeune albertaine, qui en est là à son premier grand rôle au cinéma. Mutique par moments, enfantine à d’autres, il lui manque encore un peu de la force déployée par sa compatriote Kawennáhere Devery Jacobs dans Rhymes For Young Ghouls, mis au monde par la même équipe de production, et dont The Saver peut représenter le pendant moderne et citadin.

Malgré une réalisation sobre et plusieurs plans évocateurs qui confirment l’habileté de la cinéaste à filmer ses contemporaines, The Saver en reste au stade de l’intention. Elles sont évidentes et elles sont bonnes. Le film illustre la résilience du peuple autochtone et offre une image moins déprimante que celles habituellement véhiculées sur les communautés vivant isolées hors de leurs bases (dans ce cas-ci, en plein Montréal). Avec le personnage de l’oncle Jack, le retour à la sagesse issue des traditions séculaires est aussi évoqué.

Ce troisième film de Wiebke von Carolsfeld a donc du mal à convaincre. Sans doute parce que cette gentille histoire manque de rythme, mais aussi parce que plusieurs de ses rebondissements sont tirés par les cheveux, nuisant gravement à la crédibilité de l’ensemble. Les rôles secondaires farfelus (Pascale Bussières, proche du cabotinage) ou trop peu exploités (Alexandre Landry, Brandon Oakes) servent plus à mettre en valeur le personnage principal qu’à nourrir l’intrigue. Un final rose bonbon conclut cette chronique sur une note positive, mais très convenue.

The Saver (La collectionneuse) – Québec, 2015, 1h29 – Fern, une jeune autochtone de seize ans se retrouve seule après que sa mère ait succombé à une attaque foudroyante. La jeune femme quitte alors l’école et se cache des services sociaux, bien décidée à prendre sa vie en main… – Avec: majyn Cardinal, Pascale Bussières, Brandon Oakes, Hamidou Savadogo – Scénario et Réalisation: Wiebke von Carolsfeld – Production: Aisling Chin-Yee, John Christou – Distribution: EyeSteelFilm

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Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
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