
Deux femmes en or (Claude Fournier, 1970) – Violette Lamoureux (Louise Turcot) avec l’oiseleur (Georges Groulx) dans ce qui est sans doute la scène la plus résussie – Image écran ©filmsquebec.com
Désireux d’attirer à lui les dollars du succès, Claude Fournier suit la mode des très populaires films de fesses, tels Valérie (1968) ou L’initiation (1970), et n’hésite donc pas à re-« dénuder la petite québécoise » dans Deux femmes en or, bancale histoire de banlieue triste et morne, et qu’il faut bien occuper comme on peut quand on est femme au foyer. À l’époque, le réalisateur de Le dossier Nelligan (1968) a longtemps défendu son vaudeville comme n’étant qu’une simple comédie sociale traitant des relations maritales.
Les éléments drôles désamorcent constamment l’érotisme des situations. Car finalement les situations les plus drôles sont celles qui seraient normalement qualifiées d’érotiques. Dans Deux femmes en or les personnages ne se prennent pas au sérieux, alors comment voulez-vous que nous nous les prenions au sérieux. Si j’ai voulu faire un film drôle, c’est que je n’aime pas les gens qui se prennent au sérieux. D’ailleurs les Québécois sont dans la vie généralement drôles. [1].
Symbole du souffle de renouveau entourant la libération des mÅ“urs de la Belle Province, et la naissance d’un cinéma local n’hésitant pas à se vautrer dans la comédie populiste pour attirer les foules, Deux femmes en or connaîtra un succès commercial considérable. Bien que plusieurs chiffres circulent sans vérification possible, on estime les résultats du film à plus de 1,5 million de spectateurs et plus de 2 millions de dollars de recettes. Un sommet pour un film québécois et sans doute le plus grand succès en dollars actualisés de l’histoire du cinéma d’ici.
À noter qu’en France, le film fut distribué en 1973 sous le titre Deux filles perverties, avec l’interdiction aux moins de 18 ans. Le film de Claude Fournier n’attira que 5 300 spectateurs dans l’Hexagone.
[1] entrevue accordée à Christian Allegre, parue dans Le Devoir du 23 mai 1970, p.14

Deux femmes en or (Claude Fournier, 1970) – Fernande Turcot (Monique Mercure) bien décidée à ne pas rester à rien faire à la maison – Image écran ©filmsquebec.com
Réception critique
On tombe ici dans la vulgarité la plus plate, dans le voyeurisme le plus abject, parce que gratuit, purement inutile. Mais faut-il que le public soit à ce point soit sevré pour qu’il accepte pendant plus d’une heure de temps cette ronde de livreurs qui donnera prétexte à nos femmes de déboutonner robes et corsages. Et c’est dommage car les premières vingt minutes laissaient prévoir autre chose que cet immense fourre-tout, ou il semblerait qu’on ait voulu tout y mettre de peur de rater son coup, de peur de ne pas accrocher tous les publics. (Jean-Pierre Tadros, Le devoir, 23 mai 1970, p.14)
Office des communications sociales : L’auteur ne s’est guère embarrassé de subtilités ni même de sous-entendus dans la conduite de son film. L’intrigue se situe au niveau d’une grosse farce gaillarde aux effets faciles et répétitifs. Cote : 6

Image extraite du film Deux femmes en or (Claude Fournier, 1970) – Violette Lamoureux (Louise Turcot) et son mari (Donald Pilon) apprennent que leur maison a été élue par la ville – Image écran ©filmsquebec.com