Bilan cinéma québécois 2010

Avec un nombre record de films présentés en 2010, le cinéma québécois ne parvient pas vraiment à décoller dans les statistiques. Une tendance?

Les comédiens du film Cabotins d'Alain DesRochers

Les comédiens du film Cabotins d’Alain DesRochers

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’année 2010 en cinéma québécois a été plus que prolifique et diversifiée pour le spectateur. Comme l’an dernier, les sorties en salles ont battu des records avec 33 films au total. Dans bien des cas, les résultats ont été hélas très loin des attentes, faute à un niveau de qualité très faible de notre cinéma commercial. Et ça aussi cela devient une constante.

On le dit et le répète, le cinéma québécois est de plus en plus varié. L’an dernier n’a donc pas dérogé à cette règle. Si les drames ont largement déferlés sur nos écrans (À l’origine d’un cri, 10 1/2, 2 fois une femme, Curling, Incendies, Lucidité passagère, New Denmark, Route 132, Les signes vitaux, Trois temps après la mort d’Anna), le public aura aussi eu droit à de la série B tournant autour du fantastique ou de l’horreur (Les sept jours du talion, Le poil de la bête), de la biographie romancée (L’enfant prodige, Piché), sans oublier les indécrottables comédies “grand public” (Filière 13, L’appât, Cabotins, Y’en aura pas de facile).

L’un des faits notables en 2010 (et qui devrait se confirmer dans les années à venir) concerne l’internationalisation du cinéma québécois qui nous a présenté cette année trois films se déroulant en tout ou partie bien loin de nos frontières (La cité, Incendies et Journal d’un coopérant).

Absence de succès en salles

En ce qui concerne la qualité, l’année 2010 dégage un bilan plutôt mitigé, marqué par la nette différence de profondeur entre notre cinéma d’auteur et notre cinéma commercial. En ce qui concerne ce dernier, le fait marquant de l’année reste à mon avis son très faible niveau de qualité dans la quasi totalité des films proposés au public, qui ne s’y est d’ailleurs pas trompé et cela a bien entendu eu un impact immédiat sur les recettes.

Pas étonnant donc que 2010 accouche d’un bilan global très morose. Avec à peine plus de 2 millions de spectateurs, les entrées en salles pour les films québécois arriveront tout juste au niveau de 2009 et 2008, et les parts de marché devraient être les plus faibles enregistrées, depuis 2004.

N’en jetez plus, la cour est pleine!

Affiche du film À l'origine d'un cri de Robin Aubert

Affiche du film À l’origine d’un cri de Robin Aubert

Si la qualité est l’un des facteurs indéniable de succès, notre performance a été sans aucun doute aussi amputée par l’abondance de films disponibles sur nos écrans sur de très courtes périodes. Durant l’automne, une dizaine de films – dont certains très bons – se sont retrouvés à l’affiche en deux mois seulement. Cet empilage de sorties fut aussi le cas en mars-avril et en août. Résultat : plusieurs films importants ont du se contenter de résultats corrects mais qui auraient dû être supérieurs. C’est le cas par exemple de Route 132, À l’origine d’un cri ou 10 1/2.

Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il n’y a pas de place pour tout le monde, mais à dix dollars la place de ciné, on peut quand même se questionner sur le bien fondé des sorties arrangées façon tir groupé. Chose est sûre, si les années à venir s’annoncent aussi fructueuses que 2010, l’étalement des sorties devra être repensé afin d’éviter les embouteillages pénalisants.

En résumé

De 2010, je retiens le fort contraste entre quantité présentée et qualité proposée. Les films indépendants ou d’auteur auront réussi à nous donner des oeuvre fortes et personnelles, tandis que le cinéma commercial se sera plus souvent qu’autrement pointé aux abonnés absents. Au final, les bilans chiffrés seront moroses, malgré le choix importants de films proposés. On se souhaite néanmoins une excellente année 2011 de cinéma québécois !


Notes :

Comme le remarque justement Marc-André Lussier dans son récent bilan de l’année, bien peu de pays de notre taille peuvent s’enorgueillir d’une telle « richesse » de productions locales. Lire l’article sur son blogue.

Spectateurs en salles pour les films québécois (source: OCCQ):

  • 2004 : 3,89 millions (13.8% du total).
  • 2005 : 4,96 millions (18.9% du total).
  • 2006 : 2,89 millions (11.7% du total) – Bon cop bad cop compte pour presque 50%
  • 2007 : 2,55 millions (10.6% du total)
  • 2008 : 2,14 millions (9.5% du total)
  • 2009 : 3,25 millions (12.9% du total) – De père en flic compte pour presque 40%
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