[Critique] L’enfant prodige: la musique est bonne

L’enfant prodige de Luc Dionne ressemble à une biographie romancée à la mode Hollywood années cinquante. Ça ressemble à Lust for Life sur Van Gogh, à A song to remember sur Chopin ou à Song without end sur Frantz Liszt, pour ne citer qu’eux. L’enfant prodige ressemble à un film techniquement solide, mais dénué d’inventivité et de  personnalité.

Patrick Drolet dans le film L'enfant prodige de Luc Dionne (Alliance Vivafilm)

Patrick Drolet dans le film L’enfant prodige de Luc Dionne (Alliance Vivafilm)

Ça ressemble à tout ça L’enfant prodige. On se croit cinquante ans en arrière. La distribution est abondante, les décors bien reconstruits, la technique est maîtrisée. Comme dans la plupart des biographies, on retrouve les images d’archives insérées là où il faut, les incrustations de titres de journaux pour signifier l’ascension du personnage central, et bien entendu, on a droit à quelques flashbacks nostalgiques. L’enfant prodige est un film sans aucun signe tangible d’originalité qui laisse une forte impression de déjà vu. Manque d’originalité avons-nous dit ? Les surimpressions d’images lors des concerts qui font penser à une retransmission télévisée, la mort du héros si abrupte qu’elle en est bâclée, l’accent pointu des québécois qui jouent des français sonne faux… tout ça est difficilement compréhensible pour un film de cette envergure. Même l’affiche à l’air bâclée.

Manque de coffre

En dehors de ces aspects techniques, force est de constater que le scénario de Luc Dionne manque totalement sa cible, soit de nous présenter le génie d’André Mathieu, autrement qu’en mettant en images un pianiste aussi talentueux soit-il. En effet, dans L’enfant prodige, le traitement psychologique du personnage est quasiment absent, rendant le héros mince comme du papier à cigarettes. C’est particulièrement vrai dans la dernière partie du film, qui se contente d’égrener un long chapelet de drames vécus par Mathieu (cinq en vingt minutes), au lieu de nous faire ressentir son désarroi et sa déchéance. Une énumération d’échecs personnels, à la fois trop aride et trop abondante, qui ne suffit pas à donner à André Mathieu une substance suffisante.

Des seconds rôles peu exploités

La distribution fait son travail correctement, toutefois, ce n’est pas là non plus que l’on peut trouver un grand réconfort. Certes, Patrick Drolet a bien quelques moments de folie, Macha Grenon traverse les années sans problème et Marc Labrèche est plutôt convaincant en père de famille. Pour le reste, on a de quoi s’étonner. À noter, certains seconds rôles beaucoup trop peu exploités et semblant insérés artificiellement pour donner un peu de corps à l’histoire (les personnages de Mitsou en blonde aimante ; de Catherine Trudeau en femme dévouée ou de Lothaire Blutheau en pianiste énigmatique, par exemple).

En résumé

C’est donc dans la trame sonore (… qui est disponible en CD) qu’il faut chercher un quelconque intérêt au film. Et là, pas de surprise, on l’obtient. Environ 15 à 20 minutes de superbes moments musicaux, magnifiquement interprétés par le directeur musical Alain Lefèvre, viennent ponctuer le film façon intermède. Ces 20 minutes à elles seules sauvent l’entreprise du naufrage.

L’enfant prodige – Québec, 2010, 1h40 – La vie et l’oeuvre du prodigieux pianiste québécois André Mathieu – Avec: Patrick Drolet, Marc Labrèche, Macha Grenon, Guillaume LeBon et François Papineau (entre autres) – Scénario et Réalisation: Luc Dionne – Production: Cinémaginaire – Distribution: Alliance Vivafilm

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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