[Critique] Le scaphandrier : petit mâle de mer

Rare série B d’horreur faite ici, Le scaphandrier plonge ses zombies sanguinolents dans un univers glauque créé grâce à une direction artistique minutieuse. Les amateurs du genre en mal de sensations fortes devront toutefois se contenter de quelques scènes gores, adroites mais convenues, éparpillées dans un scénario malhabile.

La silhouette du  scaphandrier d'Alain Vézina (©Filmoption)

La silhouette du scaphandrier d’Alain Vézina (©Filmoption)

Bien qu’étant purement inventée, l’intrigue de Le scaphandrier, premier long métrage de fiction d’Alain Vézina, nous rapproche de la filmographie de son auteur, jusque là attaché à dépoussiérer – de manière fort adroite – des histoires de naufrages plus ou moins mystérieux. En 2011, Dans le sillage du Titanic : l’histoire du CGS Montmagny décortiquait l’accident du Montmagny, ravitailleur canadien coulé en 1914, tandis qu’en 2013, Journey to Oblivion: The Empress of Ireland Story se concentrait sur ce naufrage tragique ayant fait périr près de 1 500 personnes. Avec Le scaphandrier, Vézina, qui avait réalisé deux documentaires semblables auparavant, est donc en terrain connu.

On ne surprendra donc pas de retrouver dans ce film la précision et le réalisme des décors et des accessoires. Dès les premiers instants, cette minutie apportée dans les reconstitutions permet au film d’installer l’ambiance glauque et froide des intérieurs d’acier d’un navire à la dérive. La conception visuelle de Guillaume Couture s’étend aussi aux intérieurs, le restaurant local, la maison de Sauvageau (Raymond Bouchard) entre autres, apportant crédibilité à l’entreprise.

Hélas, le tout se gâte trop rapidement. Dès que l’enquête de la jeune journaliste prend le dessus, on ressent tous les à-coups d’un scénario qui manque de colonne vertébrale. Les indices dévoilés à la va-vite (le film ne dure que 78 minutes !) s’enchaînent aux rebondissements prévisibles et pour la plupart totalement incroyables ou bien mal amenés pour pouvoir produire une quelconque atmosphère de tension et de suspense. Le manque de budget est aussi visible dans des effets visuels qui ne sont pas tous à la hauteur, même si les zombies sont suffisamment horribles pour tenir adéquatement leur rôle le temps des quelques scènes finales.

Voilà donc une série B d’horreur faite ici – on en voit tellement rarement que cela rend l’entreprise forcément attachante – qui a bien quelques maigres atouts dans sa manche pour combler les amateurs du genre. Ils sont toutefois trop rares pour que Le scaphandrier puisse entrer de plein droit dans la liste de nos cultes du cinéma bis, comprenant, entre autres, Discopath de Renaud Gauthier sorti l’an dernier ou encore l’inoubliable My Bloody Valentine (version 1981 bien entendu) dont le mineur au masque à gaz efface très vite de nos pensées ce scaphandrier vengeur.

Le scaphandrier – Horreur – Québec, 2014, 1h18 – Une jeune journaliste enquête sur les raisons de la mort de plusieurs personnes qui auraient un lien proche ou lointain avec la disparition d’un navire survenue il y a plusieurs années – Avec: Éric Gagné, Édith Côté-Demers, Alexandre Landry, Raymond Bouchard – Scénario et réalisation: Alain Vézina – Production: Daniel Morin – Distribution: Filmoption International

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★★ Moyen
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