Que Dieu bénisse l’Amérique – Film de Robert Morin

Et puis si à la fin de Que Dieu bénisse l’Amérique, il y a une forme de happy end, il y a encore du chemin à faire. Mes personnages se reconnaissent, se parlent, c’est déjà ça. (Robert Morin).

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Après les remarqués Requiem pour un beau sans-coeur (1997) et Le Nèg’ (2001) Robert Morin revient en force avec Que Dieu bénisse l’Amérique, une comédie policière satirique irrévérencieuse et audacieuse, sortie à point nommé pour nous rappeler que le monde ce n’est pas que l’opposition du bien et du mal.

Morin, qui a toujours été dans la marge et dans le sondage de nos travers les plus troubles, démontre encore une fois que le cinéma c’est aussi une affaire de résistance. Encore une fois, ce Morin fleure bon l’indépendance d’esprit, et ça fait énormément de bien! À sa sortie en salles, 33 000 spectateurs avaient rejoints l’univers décalé du réalisateur.

Titre de la version anglaise : May god bless America.

Gaston Lepage dans Que Dieu bénisse l'Amérique (Christal Films)

Gaston Lepage dans Que Dieu bénisse l’Amérique (Christal Films)

Mot du réalisateur

De 1997 à 2001, les banlieusards égocentriques de QDBA (Que Dieu bénisse l’Amérique, NDLR) ont été, pour moi, des archétypes de nos sociétés occidentales.

D’une version à l’autre, pour amplifier leur individualisme, leur insensibilité face aux autres, je leur ai d’abord refusé une réaction d’agacement quand un voisin accusé d’agression sexuelle sur des enfants est revenu vivre parmi eux. Puis je leur ai évité la compassion quand le voisin a plaidé son innocence. Enfin, je leur ai même interdit toute réaction le jour où l’homme allait être assassiné par un mystérieux justicier acharné à nettoyer le quartier de sa racaille. Bref, au fil de l’évolution du scénario, je les ai rendus si insensibles à l’égard de leur voisin que chacun est devenu son assassin potentiel.

Incapable d’entrevoir le moindre changement dans les comportements de mes concitoyens, j’ai continué à faire évoluer les personnages de QDBA à leur image, dans le cynisme, mais aussi dans l’insatisfaction, et ça, jusqu’à ce que al-Qaïda attaque New York.

Comme tous, j’ai été surpris par l’attaque; comme certains, peu surpris par sa motivation. Notre vampirisme face aux ressources des pays pauvres et notre autisme à l’égard de leur misère ne pouvait conduire qu’au 11 septembre 2001. Le lendemain, 12 septembre, à l’image de notre société, le scénario s’est retrouvé à une croisée de chemins et mes personnages ont eu un choix. Fidèles à la réalité, et comme ceux qui n’ont tiré aucune leçon de l’écroulement des tours, ils pouvaient continuer à vivre dans leur bulle; ou bien, loin du réel, idéalistes et très minoritaires, comme ceux qui ont pris conscience de l’existence douloureuse d’une autre partie de la planète, ils pouvaient s’entraider.

Rompant avec des années de films à constats sociaux pessimistes, QDBA a pris le parti de devenir, du jour au lendemain, un récit sur la naissance d’une amitié impossible à première vue. La tâche n’a pas été facile. Prendre des personnages si résolument égoïstes pour les rendre conscients les uns des autres a nécessité des invraisemblances aussi tordues que celles de Lafontaine quand il s’est mis en tête de faire gagner une tortue coursant contre un lièvre. Au plan formel, donc, en insistant pour que l’impossible devienne possible, j’avais fait de mon film une fable. Une adresse au public s’est aussitôt imposée en ouverture du récit, et une morale à la fin, assimilée par les protagonistes et souhaitable à plus grande échelle.

Maintenant, avec le recul, je me rends à l’évidence que, comme toutes les fables, le film est devenu une œuvre existentialiste, dans la mesure où il s’appuie sur l’idée que l’homme n’est pas condamné à reproduire indéfiniment ses tares, mais qu’il est libre et responsable de changer sa façon d’exister, en tout ou en partie, selon sa volonté.

De là, je ne peux m’empêcher d’imaginer la tristesse des fabulistes de tous les temps face à la stagnation du genre humain; mais j’imagine aussi leur plaisir à incarner tous ses travers, dans la fantaisie, en ayant toujours en tête l’espoir de toucher, tôt ou tard, ne serait-ce qu’un seul individu.

Robert Morin, janvier 2006

Résumé

Le 11 septembre 2005, Maurice Ménard, un ex-enquêteur de police, se souvient d'une voiture submergée dans sa piscine, un événement tragique arrivé quatre ans plus tôt, au moment où le World Trade Center s'écroulait. Ce jour-là, son voisin, Pierre Saint-Roch, un prédateur sexuel libéré la veille, était chassé de chez lui par son épouse à qui il clamait son innocence. Il devait aussi affronter les jugements silencieux de ses voisins, qui connaissaient son casier judiciaire grâce à une liste qui circulait illégalement et qui répertoriait les prédateurs sexuels habitant dans le secteur. Enfin, pour ajouter à son infortune, trois des cinq prédateurs listés avaient été assassinés et émasculés par un justicier désaxé...

Synopsis officiel

Distribution

Gildor Roy (Maurice Ménard) ; Sylvie Léonard (Angela Di Palma-Sigouin) ; Patrice Dussault (Sylvain Sigouin) ; Sylvain Marcel (Pierre St-Roch) ; Marika Lhoumeau (Johanne Labossière) ; Gaston Lepage (Claude Lemoyne) ; René-Daniel Dubois (Richard Poitras) ; Normand D'Amour (Gaétan Proulx) ; Dominique Quesnel (Carole Migneault) ; Jean-Guy Bouchard (Père resto chinois)

Et avec : Patrick Baby (Animateur radio) ; Jean-François Beaupré (Policier) ; Marie-Hélène Berthiaume (Mère de Johanne) ; Julie Boivin (Vendeuse) ; Amélie Bonenfant (Karina Cantin) ; Nathalie Boutrie (Serveuse sexy) ; Gaston Caron (Psychiatre) ; France Castel (Agente Crémax) ; Patrick Chouinard (Animateur radio) ; Marcel Chouinard (Client de Johanne) ; Marie-Andrée Corneille (Épouse de Maurice) ; Nicolas Cromp (Fils d'Angela et Sylvain) ; Claude Despins (Prêteur sur gages) ; Virginie Dubois (Secrétaire du psychiatre) ; Fei Zhou (Caissière) ; Simon Fournier (Agent de sécurité) ; Vincent Giroux (Agent de probation) ; Marc-Antoine Juanéda (Fils d'Angela et Sylvain) ; Jasmine Legendre (Véronique Labossière) ; Suzanne Lemoine (Manon) ; Pierre Limoges (Prédateur) ; Robert Morin (Client de Johanne) ; Benoît Rousseau (Chef de police) ; Luc Roy (Policier) ; Robert Vézina (Reporter américain) ; Isabelle Vincent (Coiffeuse) ; Zhenhu Han (Wang)

Fiche technique

Genre: Policier ; Suspense - Origine: Québec, 2005 - Sortie en salles: 17 février 2006 - Durée: 1h45 - Visa: 13 ans et plus

Réalisation et scénario : Robert Morin - Collaboration au scénario: Patrick Robert, Jean-Marie Tison - Production: Réal Chabot - Sociétés de production: Coop Vidéo de Montréal ; Productions 23 - Distribution: Christal Films

Équipe technique - Conception visuelle: André-Line Beauparlant - Costumes: Sophie Lefebvre - Décors: Diane Gauthier - Montage: Lorraine Dufour - Musique: Bertrand Chénier - Photographie: Jean-Pierre St-Louis - Son: Marcel Chouinard, Alexandre Gravel, Louis Collin, Hans Peter Strobl

Infos DVD/VOD

Ce film est disponible en DVD version 16/9 avec son 5.1 Dolby digital et sous-titres anglais - Éditeur: Maple Pictures (Christal Films vidéo) - Date de sortie : 11 juillet 2006 - Code UPC: 807581507856 - Suppléments : documentaire "Le Making off" : la méthode Morin.

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