[Critique] La chute de l’empire… : triomphe de la galette

Oui, La chute de l’empire américain s’avère plus réussi que Le règne de la beauté. Mais le résultat est tout de même loin d’être convaincant. Et ce, dans tous à peu près tous les domaines.

Rémy Girard dans La chute de l'empire américain de Denys Arcand (l'homme sort de prison avec deux sacs en papier chaque main)

Rémy Girard dans La chute de l’empire américain (source: Les Films Séville)

Toute l’œuvre d’Arcand ou presque se retrouve dans La chute de l’empire américain. Son regard à la fois amusé et critique, la participation de certains de ses amis, l’omniprésence de la ville, une tonne de références directes à son répertoire, un discours militant qui ne l’a jamais quitté… bref, tout Arcand en 127 minutes. On a comparé La chute… avec le précédent Règne de la beauté et tous s’accordent à dire que c’est meilleur. Ce n’était guère difficile de faire mieux. Cependant, même avec une bonne dose d’humour noir et ses développements de thriller, on est quand même loin de notre Arcand préféré. Le Arcand de la Maudite galette, de Réjeanne, de Gina, d‘On est au coton. Des chefs-d’Å“uvre que l’on continuera à visionner sans se lasser. Celui de Luce et Céline, de René et de J-Léo. Ce n’est pas du fétichisme vintage que d’affirmer que les protagonistes d’alors avaient de la profondeur, et une force qui habitait l’écran de manière inoubliable. Et qui allait au-delà des dialogues intellos du Déclin ou des Invasions ou des quelques répliques cinglantes qui émaillent ici et là le bien pensant généralisé de cette Chute… Le cinéaste a pourtant toujours eu le tour de dénoncer les tares de notre époque avec une certaine originalité.

Donc, en gros, oui, La chute de l’empire américain s’avère plus réussi que le Règne de la beauté. Le résultat est tout de même loin d’être satisfaisant. Et ce, dans à peu près tous les domaines. À commencer par le scénario bancal qui déploie une intrigue policière truffée de raccourcis et d’effets de manche, qui se complait dans une critique convenue, et qui s’amuse à nous faire croire à sa romance de conte de fées entre une escorte au grand cœur et un jeune philosophe pas à sa place. Je trouve que l’injustement délaissé Âge des ténèbres était à la fois plus convaincant dans son regard, mais aussi plus assumé dans ses fantasmes. Note : 2 / 5

On a aimé

  • La prestation de Mariepier Morin, portant son rôle stéréotypé avec un naturel et une prestance délectable,
  • Les dialogues acerbes de l’ex-taulard incarné par Rémy Girard, toujours aussi efficace dans le registre comique,
  • Quelques jolies prises de vues de Montréal, gracieuseté de Van Royko (la très belle direction photo des documentaires The Wandering Muse et Let There Be Light, c’est lui).

On a regretté

  • Un scénario banal, tiré par les cheveux et d’une rare naïveté qui affaiblit une critique sociale à la base peu originale et au demeurant aussi pontifiante que moralisatrice,
  • La prévisibilité d’à peu près tous les rebondissements,
  • L’opportunisme marketing du titre officiel, alors que l’initial était bien plus approprié et collait exactement au propos,
  • Plusieurs caméos inutiles (Claude Legault, Éric Bruneau…),
  • Le mauvais goût de la séquence finale… comme si ce film (de riches) voulait se payer une respectabilité et une bonne conscience.

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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