Films du Québec

Après Bluff (coréalisé en 2007), Y’en aura pas de facile (2010) et Hot Dog (2013), Marc-André Lavoie revient avec Innocent, une comédie dramatique mettant en vedette plusieurs comédiens populaires, dont les fidèles Emmanuel Bilodeau et Mahée Paiement. Innocent suit les tribulations de Francis, un type ordinaire à qui il arrive une tonne de rebondissements aussi absurdes qu’imprévisibles. Pas étonnant que le film soit dédié à Denis Héroux, tant on retrouve dans le personnage de Francis des rappels à la bonasserie du Monsieur Tout-le-monde que le célèbre réalisateur et producteur québécois aimait mettre en scène, tel le M. Cartier de J’ai mon voyage! incarné par Jean Lefebvre ou encore le Conrad Lachance de Pousse mais pousse égal à qui Gilles Latulippe prêtait ses traits.

Produit et distribué de façon indépendante, le film a droit à une surprenante première mondiale lors du Festival du nouveau cinéma… ainsi qu’à une présentation simultanée dans 25 communautés de retraités à travers tout le Québec.

Emmanuel Bilodeau dans Innocent de Marc-André Lavoie (© Orange Films)

Mot des scénaristes

En une terre et une époque non trop étrangère à la nôtre, Diderot écrivait : «La vie serait une comédie bien agréable, si l’on n’y jouait pas un rôle.» Une citation qui ne saurait mieux décrire la situation dans laquelle se retrouve le personnage de Francis tout au long du récit. En effet, les drames que vit Francis au sein de la diégèse d’Innocent ne seraient aucunement comiques à nos yeux si nous avions à en vivre nous même les conséquences. L’humour prend justement son élan de par le fait que le spectateur peut s’identifier à son personnage tout en restant assez détaché pour pouvoir s’amuser de la façon dont ce dernier est appelé à se débattre pour faire face aux aléas du destin.

L’humour propre au genre de la comédie dramatique tire donc son origine dans les nombreux malaises et de l’absurdité des situations dans lesquelles le protagoniste principal se retrouve immergé (bien souvent malgré lui). Plutôt que de provenir du burlesque ou d’un humour vulgaire, l’effet comique de la proposition prend ainsi racine dans les nombreux conflits et les situations auxquels les personnages seront confrontés. La mécanique du film choral nous permet également d’explorer un large éventail de personnages secondaires tout aussi tordus les uns que les autres. La multiplication des trames narratives nous a ainsi forcé à camper les motivations et les personnalités de chacun d’entre eux très rapidement dans le récit afin de ne pas retarder l’entrée en scène des éléments perturbateurs qui viendront rompre l’équilibre initial. Il s’agit d’ailleurs d’un style et d’un univers auquel le réalisateur du film n’est pas étranger.

Tout au long du processus d’écriture du scénario, nous avons donc apporté une attention particulière aux thématiques ainsi qu’aux propos qui se déploient dans le récit. Ainsi, les problématiques exploitées (la jalousie, les préjugés, des voisins bruyants, des problèmes de couple, le deuil et l’injustice…) comportent toutes un caractère universel qui permettent de dresser un certain reflet de la société dans laquelle nous vivons. Bref, il s’agit d’un projet très personnel que nous mijotons depuis plusieurs années déjà et que nous sommes fiers d’avoir mené à terme. -Marc-André Lavoie et Adrien Bodson, scénaristes