Claude Fournier s’est éteint

Le réalisateur de « Deux femmes en or » et de « Bonheur d’occasion » avait 91 ans.

En ce jeudi 16 mars 2023, un pan important de l’histoire du cinéma québécois est tombé, avec la disparition du cinéaste, producteur et auteur Claude Fournier, décédé à l’âge de 91 ans au Centre hospitalier de l’Université de Montréal après avoir subi un infarctus lors d’un voyage en Martinique.

Le cinéaste, producteur, scénariste et écrivain Claude Fournier (1931-2023) - Image extraite du film "Une histoire du cinéma : Claude Fournier", de Denys Desjardins (2004).
Le cinéaste, producteur, scénariste et écrivain Claude Fournier (1931-2023) – Image extraite du film « Une histoire du cinéma : Claude Fournier », de Denys Desjardins (2004).

Claude Fournier est né le 23 juillet 1931 à Waterloo, en Estrie. Il est le frère jumeau de Guy Fournier, scénariste de Maria Chapdelaine (1973) ou Mon amie Max (1994). Claude Fournier a démarré sa carrière comme journaliste au quotidien La Tribune de Sherbrooke avant d’intégrer l’équipe du Télé-journal de Radio-Canada.

À la fin des années 1950, il entre à l’Office national du film et participe aux premiers pas du cinéma direct. Il a réalisé quelques courts métrages documentaires, dont Télésphore Légaré, garde-pêche, Alfred Desrochers, poète, La lutte, ou La France sur un caillou (voir en ligne : https://www.onf.ca/cineastes/claude-fournier/).

Image extraite du film Deux femmes en or (Claude Fournier, 1970) - Violette Lamoureux (Louise Turcot) avec l'oiseleur (Georges Groulx) dans ce qui est sans doute la scène la plus résussie - Image écran ©filmsquebec.com
Deux femmes en or (Claude Fournier, 1970) – Violette Lamoureux (Louise Turcot) avec l’oiseleur (Georges Groulx) dans ce qui est sans doute la scène la plus résussie – Image écran ©filmsquebec.com

En 1970, Claude Fournier déshabille à son tour la petite québécoise avec Deux femmes en or, son film le plus connu dans lequel Monique Mercure et Louise Turcot jouent deux voisines qui, pour avoir un peu d’attention et tromper l’ennui, se lancent dans des aventures avec divers hommes de passage. Moins anodin qu’il n’y parait, Deux femmes en or est un témoin important de son époque, en plus d’être le film québécois ayant connu le plus grand succès en salle, loin devant un autre fleuron de notre cinéma commercial qu’est le Séraphin de 2002.

Sur la lancée de ce succès phénoménal, Fournier enchaîne plusieurs films produits pour la plupart avec sa conjointe Marie-José Raymond par le biais de leur compagnie Rose Films. On retrouve les farces coquines Les chats bottés (1971) et La pomme, la queue et les pépins (1974), le western méconnu Alien Thunder (1974), premier long-métrage canadien doté d’un budget de production dépassant le million de dollars, la comédie sentimentale Je suis loin de toi mignonne, rare film d’ici campé durant la Deuxième guerre mondiale (1976) et le drolatique Hot Dogs (Les chiens chauds, 1980), dans lequel on retrouve nul autre que Harry Reems ex-star du porno qui avait joué dans le cultissime Deep Throat.

Une scène du film Alien Thunder de Claude Fournier
Une scène du film Alien Thunder de Claude Fournier

En une décennie, Fournier établit sa marque de commerce et s’affirme, comme Denis Héroux et quelques autres, comme le champion incontestable du cinéma populaire. Un cinéma difficilement défendable d’un point de vue artistique et pas toujours de bon goût, mais dont les plaisirs qu’il procure sont encore très prisés aujourd’hui. Et que l’on peut voir comme précurseur d’une tendance à l’américanisation de notre cinéma qui viendra 15 ou 20 ans plus tard.

Dans les années 1980, Claude Fournier revient à un cinéma plus structuré, plus ambitieux et de plus grande envergure. Bonheur d’occasion, adaptation du roman de Gabrielle Roy (1983) et la télésérie Les Tisserands du pouvoir, d’après son propre roman (1988), sont d’autres titres marquants de sa filmographie.

Daniel Pilon et deux joiles filles dans Hot Dogs (Les chiens chauds) de Claude Fournier (source: Cinépix)
Daniel Pilon dans Hot Dogs (Les chiens chauds) de Claude Fournier (source: Cinépix)

Par la suite, Claude Fournier signera la comédie J’en suis! (1997), avec Patrick Huard et Roy Dupuis, ainsi que les drames The Book of Eve (2003), adapté du roman éponyme de l’auteure canadienne Constance Beresford Howe, et Je n’aime que toi, son seizième et dernier long métrage de fiction, sorti en 2004.

Mais Claude Fournier, c’est aussi le projet Éléphant : mémoire du cinéma québécois, projet de restauration du patrimoine cinématographique québécois auquel il a collaboré de ses débuts à 2018. Un projet qui me tient à coeur et qui est très étroitement associé à mon parcours puisque nos sites web respectifs sont nés à une semaine d’intervalle, à la toute fin de 2008.

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