[Critique] Antoine et Marie : parcours affectés

L’agression sexuelle est au cœur d’Antoine et Marie, second long métrage de Jimmy Larouche, qui montre avec sobriété le parcours de deux êtres marqués, incarnés par des comédiens adroitement dirigés.

Image des comédiens Guy Jodoin et Martine Francke en pleine rupture. Extrait du film Antoine et Marie de Jimmy Larouche (source image : page Facebook du film)

Guy Jodoin et Martine Francke dans le film Antoine et Marie de Jimmy Larouche (source image : page Facebook du film)

Marie est venue à la police rapporter un cas de viol. Le sien. La première scène du film la filme de dos. La dernière scène du film reprendra ce moment mais en la montrant cette fois de face, prête à affronter ses peurs. La boucle est bouclée. Entre ces deux scènes, une agression presque banale durant un parté de bureau un peu trop arrosé.

Après La cicatrice qui traitait de l’intimidation, Jimmy Larouche retrouve avec Antoine et Marie un thème social inédit dans le cinéma québécois : l’agression sexuelle. Traité sobrement sans donner de place au sensationnalisme, le film place ses enjeux ailleurs. Ailleurs, c’est la chronique d’une rencontre pas si fortuite que ça donnant lieu à un fait divers hélas trop fréquent. Marie, la quarantaine épanouie, travaille dans un monde d’hommes (un garage automobile), Antoine, recycleur de pièces d’autos, vit mal sa relation avec les femmes (sa blonde, sa fille et ses sites internet pornos). Marie est montrée en coupable, à la fois dans les questions posées par les policiers mais aussi dans le regard concupiscent de ses collègues (n’a-t-elle pas tendance à mettre des décolletés trop profonds ?), Antoine est vu comme un père asocial, dérangé et pervers.

Filmés en parallèle, les univers de ces deux personnalités un peu schématiques qui ont en commun l’acte délictueux, ou, à tout le moins, le souvenir évasif que Marie a de cette soirée fatidique, se dévoilent tout en langueurs. Sans décevoir, mais sans vraiment convaincre non plus. La construction en allers-retours a tendance à diminuer l’intensité dramatique du sujet, comme si le film voulait se trouver une thématique forte, sans lui laisser suffisamment d’espace pour s’étendre. Le style manque peut-être un peu de subtilité, montrant à de nombreuses reprises les dos et les nuques de ses personnages, abusant des soupirs et donnant à cette petite ville de région les couleurs grisâtres de la monotonie. Heureusement, Antoine et Marie possède à son actif, outre sa sobriété, une direction d’acteurs que l’on sent s’affirmer. Martine Francke étonne par le calme presque serein de cette femme en pleine crise, tandis que Sébastien Ricard insuffle à son rôle ingrat une présence palpable.

Antoine et Marie – Québec, 2014, 1h23 – Marie se réveille un beau matin, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé la veille. Il y a eu un 5 à 7 au bureau, bien arrosé, quelques flirts aussi, mais sans suite. Et puis après? – Avec: Martine Francke, Sébastien Ricard, Guy Jodoin, Isabelle Blais – Scénario, Réalisation: Jimmy Larouche

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