C’est sans opposition aucune que le choix du film (des films) de la semaine se porte sur Carcasses et Bestiaire, les deux docu-fictions de Denis Côté que TFO diffusera l’un derrière l’autre lundi soir à compter de 21h. Cette diffusion met fin à la mini-rétrospective Côté que TFO présentait en octobre.
Ci-dessous, un extrait de l’entrevue de Denis Côté accordée à Sami Gnaba de la revue Séquences lors de la sortie en salles de Curling, dont TFO n’a semble-t-il pas obtenu les droits de diffusion hélas (lire en intégralité).
En parlant de Carcasses, vous m’aviez dit que vous étiez dépourvu de cet engagement manifeste chez les documentaristes et d’autres de vos contemporains. Aujourd’hui, on peu dire que vous avez acquis cette engagement vis-à-vis de vos personnages.
Moi, je ne voyais pas ça comme un défaut. À mes yeux, Carcasses restait encore un objet formaliste, un objet de cinéma. Je n’y traitais pas de la rencontre d’un vieil homme, ou de sa vie. Laisse échapper Benoît Pilon dans le champ avec Jean-Paul Colmor, t’es sûr qu’il va te ramener un portrait très, très humain et chaleureux.
Je crois que Carcasses vous a donné les ressources nécessaires pour rentrer dans l’intimité de vos personnages et de côtoyer leur humanité aussi.
Plus jeune, j’étais obsédé par le cinéma, par ses formes. C’étaient des films où le cinéphile en moi s’exprimait. Non sans un certain souci de provocation. Mais avec Carcasses et Curling, je trouvais que c’était le temps de fouiller un peu plus dans l’humain. Dans Curling, on se pose très proche de l’homme, avec tous ses mystères et ses contradictions. Le personnage du père y est maladroit, il surprotège sa fille puis il l’abandonne plus tard… Je trouve qu’il y a des équations très humaines dans Curling. Un homme maladroit trouve un petit gars mort sur la route et va le cacher dans son garage, ça peut apparaître gros à première vue, mais c’est profondément humain comme geste.
Autre chose qu’on dénote dans votre film, c’est la configuration très picturale de l’espace, tout comme les postures très statiques de vos personnages.
J’ai hérité ça de Carcasses. La mise en scène chez moi va toujours primer sur le scénario. Ça ne changera jamais. Puis, Josée est une esthète aussi. On n’a pas besoin de travailler très fort pour arriver à quelque chose de beau, même si je déteste ce mot. Le monde qui me dit que mes films possèdent des belles images, je prends ça un peu comme une insulte. Avec les moyens techniques d’aujourd’hui, n’importe qui pourrait produire des belles images.
Les films de la semaine
Cliquez sur le titre du film pour plus de détails.
- Carcasses (***) – Sur une terre reculée encombrée de vieilles carcasses de voitures et d’objets hétéroclites précieusement surveillés, faisons la connaissance de Jean-Paul Colmor, un personnage aussi attachant que mystérieux – Comédie dramatique de Denis Côté (2009) avec Jean-Paul Colmor – TFO, lundi 29 octobre à 21h
- Bestiaire (***½) – Denis Côté promène sa caméra au Parc Safari et créé un univers sonore et visuel aussi mystérieux que captivant fait de bêtes sauvages en captivité et d’êtres humains attentifs – Docu-fiction de Denis Côté (2012) avec des singes, des buffles, des éléphants et des girafes – TFO, lundi 29 octobre à 22h15
- Eldorado (***) – Le temps d’un été, plusieurs jeunes montréalais vivent des moments d’insouciance tandis qu’une canicule s’abat sur la métropole – Comédie dramatique de Charles Binamé (1995) avec Pascale Bussières, Robert Brouillette et James Hyndman – CinéPop, lundi 28 octobre à 8h50 et 23h15
- Coyote (**) – En plein hiver dans Montréal Est, deux jeunes vivent une histoire d’amour passionnée et cherchent à donner un sens à leur existence – Drame sentimental de Richard Ciupka (1992) avec Mitsou Gélinas et Patrick Labbé – CinéPop, mardi 29 octobre à 11h35 et 22h40
- Transit (1½) – Un agent double est bien décidé à stopper un importante cargaison de drogue – Policier de Christian de la Cortina (2008) avec Luc Morissette, Christian de la cortina et Julie DuPage – CinéPop, mardi 29 octobre à 17h30 et jeudi 30 à 8h30
- Je n’aime que toi (**) – En panne d’inspiration, un écrivain s’inspire des souvenirs d’une prostituée dont il est follement amoureux pour son prochain livre – Drame de Claude Fournier (2003) avec Dorothée Berryman, Michel Forget, Noémie Godin-Vigneau, Jean-Nicolas Verreault – CinéPop, jeudi 31 octobre à midi
- L’espérance (**½) – Un jeune homme débarque dans le petit village gaspésien de L’Espérance. Sans savoir qui il est, les habitants le prennent peu à peu pour une agréable visite… Pour un temps limité seulement – Drame réalisé par Stefan Pleszczynski. Avec Patrick Labbé et Isabel Richer – CinéPop, jeudi 31 octobre à 15h45
Diffusions de nuit: un film annoncé à 1h30 du matin dans la nuit du samedi au dimanche est classé ici à dimanche et non à samedi.