[Critique] Qu’est-ce qu’on fait ici ? : jeunesse en travaux

Avec Qu’est-ce qu’on fait ici ? on retrouve donc la touche personnelle de la cinéaste qui nous avait tant plu dans Crème glacée, chocolat et autres consolations. Une nouvelle fois, elle parvient à user de délicatesse et de douceur pour illustrer cette jolie histoire de jeunesse bien décidée à se reprendre en main.

Photo de la comédienne Joëlle Paré-Beaulieu dans Qu'est-ce qu'on fait ici ? de Julie Hivon

Joëlle Paré-Beaulieu dans Qu’est-ce qu’on fait ici ? de Julie Hivon

La jeune vingtaine et ses multiples questionnements sur le sens de la vie occupent le cÅ“ur de Qu’est-ce qu’on fait ici ?, troisième long métrage de fiction réalisé par Julie Hivon (Tromper le silence, 2009). Filmé sur les terres de sa ville natale et fortement inspiré d’un drame qu’elle a elle-même vécu dans sa jeunesse, la cinéaste a choisi d’emblée de placer ses protagonistes face à un drame terrible : la mort d’un de ami proche. Une mort violente et absurde, mais surtout totalement inexplicable. Ce drame provoque alors une forte onde de choc dans la tête et dans le cÅ“ur de ces quelques jeunes et agit comme un révélateur.

Malgré ce départ lourd de sens, et un portrait d’une jeunesse ayant une vie loin d’être idyllique, Julie Hivon ne sombre pas dans une monstration stérile du désespoir. Étonnamment même, elle garde une distance assez prononcée avec drame personnel causé par la mort de l’ami. Elle laisse ainsi les personnages passer en revue ce qu’ils sont en réalité et ce qu’ils veulent faire dans l’avenir. S’ensuivent plusieurs questionnements existentiels (faire ce que l’on aime vraiment dans le cas de Lily ou sortir de son isolement dans le cas de Roxanne pour ne citer que ces deux exemples).

À l’instar du premier film de l’auteure (Crème glacée chocolat et autres consolations en 2000), les reconstructions personnelles se font dans la légèreté. Savoir se remettre en cause, pouvoir questionner notre rapport face à l’apparente sérénité de nos parcours personnels sans toutefois sombrer dans le mélodrame chargé de pathos, de musique lourde ou de regards profonds. Ici, la musique se veut légère, la photographie s’harmonise avec les chatoyantes couleurs estivales, et plusieurs moments relèvent de la comédie pure. L’ironie décalée et la causticité de certains dialogues donnent aussi une appréciable touche de futilité, à l’image des scènes d’échanges entre Charles-Alexandre Dubé et son gorille dépressif. Un tel optimisme n’est pourtant pas béat, puisque derrière le portrait de ces quelques jeunes accablés, se cache une vision plus large et tout en finesse de la société québécoise et des problématiques vécues par la jeunesse. Enfin, signalons la qualité de la direction d’acteurs qui sait établir une véritable connivence avec les comédiens, dont émerge Joëlle Paré-Beaulieu, qui, pour sa première apparition au cinéma, s’avère la véritable révélation, dans un rôle difficile qui plus est.

Avec Qu’est-ce qu’on fait ici ? on retrouve donc la touche personnelle de la cinéaste qui nous avait tant plu dans Crème glacée. Une nouvelle fois, elle parvient à user de délicatesse et de douceur pour illustrer cette jolie histoire de jeunesse bien décidée à se reprendre en main.

Qu’est-ce qu’on fait ici ? – comédie dramatique – Québec, 2014, 1h39 – Troisième long métrage de Julie Hivon, Qu’est-ce qu’on fait ici ? suit le chemin de quelques jeunes désorientés par un drame qui les forcera à se remettre en question. – Avec: Sophie Desmarais, Maxime Dumontier, Joëlle Paré-Beaulieu, Charles-Alexandre Dubé – Scénario et réalisation: Julie Hivon – Production: François Delisle, Maxime Bernard – Distribution: FunFilm Distribution

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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