[Critique] Vampire humaniste : dents de lait

Ce modeste premier long métrage divertit sans ennuyer, grâce à ses changements de ton, la drôlerie de ses dialogues pointus et quelques rebondissements surprenants.

Image de la comédienne Sarah Montpetit dans une scène du film Vampire humaniste cherche suicidaire consentant d'Ariane Louis-Seize
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant – Sarah Montpetit – photo Shawn Pavlin

Le film de vampires adolescents n’est pas – loin de là – un sous-genre cinématographique nouveau. Au Québec, en revanche, dans la mesure où l’on ne produit que très peu d’oeuvres de ce type, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant n’a aucune difficulté à se faire passer pour une brise de fraîcheur, décomplexée et innovante. Et confirmant par le fait même la propension qu’ont certains jeunes auteurs à traiter sur un ton décalé des thèmes graves déjà maintes fois abordés de façon « sérieuse » dans le corpus québécois. On pense par exemple au Bungalow de Lawrence Côté-Collins, sorti plus tôt cette année, qui évoquait la crise de la trentaine et la société de consommation non sans malice par le biais du polar.

Après une introduction loufoque mettant à mal un clown innocent, victime d’une soirée d’anniversaire placée sous le mode du rite d’initiation, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant se déploie plutôt dans la mélancolie et la tendresse. Le récit, égayé çà et là par des notes d’humour noir à saveur scandinave, surfe habilement sur les notions de différence, d’exclusion, de sentiment d’appartenance, d’angoisse face aux attentes, ou le don de soi. Toutefois, ce gentil petit essai éprouve une certaine peine à étoffer sa très mince prémisse (toute l’intrigue repose sur le titre), n’osant s’aventurer trop ni dans la comédie romantique, pas vraiment dans une histoire de passage à l’âge adulte et encore moins dans l’horreur traditionnelle des suceurs de sang maléfiques.

L’intérêt de ce premier long métrage réside surtout dans sa capacité à ne jamais ennuyer l’auditoire. Les amateurs de gore détourneront les yeux, mais force est de constater que la réalisatrice et sa coscénariste Christine Doyon tiennent leurs changements de ton à bout de bras, s’appuyant, ici sur la drôlerie de dialogues pointus et de gags hirsutes, ou là, sur des rebondissements surprenants, à l’instar de son imprévisible dénouement. Les images de Shawn Pavlin (Le bruit des moteurs) et la musique de Pierre-Philippe Côté supportent efficacement l’ambiance nocturne et glauque, qui recèle en son centre, un éclat de douceur mémorable lorsque les deux ados en perdition se mettent à bouger au rythme d’un vinyle de Brenda Lee.

En somme, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est un premier long métrage mignon comme tout, très anodin, certes, mais qui offre un divertissement agréable, en compagnie de comédiens parfaitement taillés pour le registre proposé.

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant – Québec, 2023, 1h32 – une vampirette de 68 ans qui refuse de sucer le sang d’innocentes victimes se lie d’amitié avec un adolescent aux pensées suicidaires – Avec: Sara Montpetit, Félix-Antoine Bénard, Steve Laplante, Sophie Cadieux, Noémie O’Farrell – Scénario: Ariane Louis-Seize, Christine Doyon – Réalisation: Ariane Louis-Seize – Production: Jeanne-Marie Poulain, Line Sander Egede – Distribution: h264

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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